L'Afrique, secouée par des risques fiscaux, environnementaux et politiques, a un besoin urgent de développer des marchés de capitaux dynamiques pour soutenir sa croissance économique et accélérer son développement durable, affirment les experts financiers.
Les participants à la 27ème Conférence de l'Association africaine des bourses de valeurs, en anglais African securities exchanges association (Asea), organisée à Gaborone, au Botswana, les 26 et 27 novembre 2024, ont souligné que l'Afrique peut bénéficier de marchés de capitaux viables grâce à la mobilisation de ressources intérieures à un moment où le continent est confronté à un endettement élevé et à un manque de financement abordable.
« L'accès au financement est une contrainte majeure au développement de l'Afrique et les marchés de capitaux sont un acteur clé pour surmonter cette contrainte », a déclaré Jean-Marc Kilolo, chargé des affaires économiques à la Commission économique pour l'Afrique (Cea), s'exprimant lors de l'ouverture de la conférence.
Le président de la Bourse du Botswana, Kopano Bolokwe, a noté que des progrès significatifs ont été réalisés dans le projet régional Aelp en tant que moyen de répondre aux aspirations de longue date en matière d'intégration des marchés de capitaux africains.
Organisée par l'Association africaine des bourses de valeurs (Asea), l'Association africaine des négociants en valeurs mobilières (Assda), l'African Exchange Linkage Project (Aelp) et la Commission économique pour l'Afrique (Cea), la conférence de deux jours a exploré le thème « Améliorer Collaboration et intégration des marchés de capitaux africains à travers l'Aelp.
M. Bolokwe a souligné la nécessité de reconnaître les différences entre les pays africains en matière de lois régissant les valeurs mobilières, de mécanismes de négociation et de post-négociation, de compensation et de règlement, dans le cadre de l'intégration des marchés. Il a mis les bourses et les courtiers africains au défi de faire le « gros du travail » pour assurer l'intégration harmonieuse des marchés de capitaux dans le cadre du projet Aelp.
Un communiqué de la Cea rapporte que celle-ci oeuvre pour la réforme de l'architecture financière mondiale avec pour objectif principal de réformer la notation de crédit souverain afin de réduire le risque perçu de l'Afrique et d'obtenir une évaluation précise de la solvabilité. A l'en croire, il existe actuellement un écart entre le risque perçu et le risque réel, ce qui freine l'investissement à long terme.
La Cea dit être en train de promouvoir le développement d'une bourse régionale où les crédits carbones et autres instruments verts pourraient être échangés. Cela faciliterait la monétisation des services écologiques que l'Afrique offre au monde, grâce notamment à la deuxième plus grande forêt qu'elle abrite dans le bassin du Congo.
Les participants ont discuté des moyens de renforcer les marchés de capitaux africains par l'intégration et la coopération, ouvrant la voie à une liquidité accrue et à des échanges transfrontaliers. Il ressort des discussions qu'il est urgent d'appeler à un développement plus approfondi des marchés financiers. Le communiqué de la Cea explique que la dépendance de l'Afrique à l'égard des capitaux étrangers expose les économies aux risques de change et aux chocs financiers mondiaux.
« Le projet Aelp est d'une importance capitale pour l'intégration des marchés de capitaux de notre continent car nous avons choisi de relier nos marchés », a déclaré Pierre Celestin Rwabukumba, président de l'ASEA, ajoutant que « l'importance de l'Aelp pour relier nos marchés est évidente. Non seulement nous lions nos marchés, mais nous améliorons notre liquidité si nous parvenons à le faire de la bonne manière et si nous travaillons ensemble vers un objectif commun : lever plus d'argent pour nos économies ».
Grâce à un espace d'investissement unique et connecté, l'AELP aide les marchés africains à devenir plus compétitifs à l'échelle mondiale et offre de nouvelles opportunités aux investisseurs locaux et internationaux. Dans le cadre de la phase 1 de l'Aelp, sept plus grandes bourses africaines et 31 courtiers ont été interconnectés et la phase 2 du projet actuellement en cours étendra l'interconnectivité pour inclure dix bourses et potentiellement 50 courtiers d'ici fin 2025.