Sénégal: Ce que veut faire Amadou Hott de la BAD, s'il en devient président

Dakar — L'ancien ministre sénégalais Amadou Hott a promis, jeudi, à Dakar, de faire du développement du secteur privé une priorité, de permettre aux pays africains d'emprunter des fonds à moindre coût sur les marchés financiers, de moderniser la Banque africaine de développement (BAD) et de consolider les partenariats de cette institution financière, s'il en devient président en mai 2025.

"Le secteur privé est extrêmement important dans la vision que nous voulons proposer à la banque", a dit M. Hott lors d'une cérémonie organisée par le ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères en guise de lancement de sa candidature à la présidence de la BAD.

"Aujourd'hui, les ressources sont relativement faibles mais en allant sur le marché, on peut lever beaucoup plus de ressources. Je voudrais également soutenir les réformes fiscales en particulier pour permettre à l'Afrique de réduire les flux financiers illicites, qui la privent de 90 milliards de dollars [américains] chaque année", a-t-il promis.

Amadou Hott déclare vouloir créer au sein de la Banque africaine de développement une vice-présidence chargée du secteur privé. "Deuxièmement, a-t-il dit, je dynamiserai le secteur privé en proposant l'établissement d'une vice-présidence dédiée au secteur privé, qui va mobiliser des ressources."

"Je voudrais également travailler avec nos États pour réduire ce qu'on appelle la prime de risque africaine. Nos États ont des notations qui ne reflètent pas souvent la qualité de nos signatures. Souvent, même si nos États ont une signature de qualité, les investisseurs leur appliquent des primes de risque trop élevées, lorsqu'ils vont emprunter sur les marchés", a signalé M. Hott.

"Je voudrais donc travailler avec tous les partenaires pour réduire cette prime de risque, qui affecte également notre secteur privé", a-t-il poursuivi.

Encourager l'innovation et renforcer les échanges de bonnes pratiques

Le troisième pilier de son programme pour la BAD va consister à augmenter la capacité de l'institution financière à exécuter ses projets. "Troisièmement, je renforcerai drastiquement la capacité d'exécution des projets financés par la BAD, tout en multipliant les opérations transformatrices et à grande échelle."

"Quatrièmement, je moderniserai la banque. Son efficacité interne sera améliorée grâce à des systèmes d'incitation basés sur la performance, à la digitalisation des processus et à une gestion optimisée des talents", a promis l'ancien ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération.

Il souhaite conduire une BAD "plus agile et plus rapide dans les opérations et interactions avec les parties prenantes". "Beaucoup de ministères sectoriels se plaignent [et disent que] la réactivité fait quelquefois défaut. Ce qu'on souhaite, c'est booster donc la réactivité de nos équipes."

"Cinquièmement, a poursuivi le candidat, je consoliderai les partenariats pour maximiser les ressources concessionnelles, encourager l'innovation et renforcer les échanges de bonnes pratiques."

Amadou Hott a fait part aussi de sa volonté de "créer un écosystème d'opportunités économiques inclusives pour la jeunesse et les femmes", s'il est élu président de la Banque africaine de développement.

"J'exprime ma profonde gratitude à monsieur le président de la République du Sénégal, son Excellence Bassirou Diomaye Faye, pour avoir choisi ma modeste personne comme candidat à la présidence du groupe de la Banque africaine de développement", a-t-il dit en présence de la ministre de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, et d'autres personnalités.

"Il est important également, pour moi, de remercier monsieur le Premier ministre, Ousmane Sonko, ainsi que l'ensemble du gouvernement pour leur appui constant et la mobilisation en faveur de ma candidature", a ajouté M. Hott.

Il estime que la BAD a fait des "progrès spectaculaires" au cours de ses six décennies d'existence, ce qui en fait l'une des "institutions les plus influentes et les plus respectées au monde".

"Nous avons su révéler des talents"

Économiste et banquier, Amadou Hott travaille depuis vingt-cinq ans dans les secteurs public et privé.

Il a été conseiller spécial du président Macky Sall et directeur général du Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONSIS), avant de devenir ministre, puis envoyé spécial du président de la BAD, chargé de l'Alliance pour l'infrastructure verte en Afrique.

"Mon parcours s'est forgé dans quatre continents, à travers des fonctions stratégiques de haut niveau en banque d'investissement et gestion de fonds souverains, avec la création du FONSIS en 2013", a-t-il rappelé.

"À chaque étape, nous avons su rassembler des équipes performantes, nous avons su révéler des talents, nous avons pu obtenir des résultats transformateurs pour les parties prenantes. C'est cette expertise-là, cette expérience, ce leadership et cette passion que je souhaite mettre au service de la Banque africaine de développement", a-t-il dit.

La Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala, vice-présidente principale de la BAD, a démissionné de ses fonctions en octobre dernier en raison de sa candidature à la présidence de cette institution financière.

Une dizaine de jours auparavant, l'ancien ministre sénégalais était le premier à démissionner de ses fonctions d'envoyé spécial du président de la BAD, chargé de l'Alliance pour l'infrastructure verte en Afrique.

Selon le magazine économique et financier Financial Afrik, le Béninois Romuald Wadagni, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, le Mauritanien Ousmane Kane et le Zambien Samuel Maimbo sont également candidats.

L'élection du successeur du Nigérian Akinwumi Adesina aura lieu le 29 mai à Abidjan.

Le ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, d'autres membres du gouvernement, des ambassadeurs au Sénégal de nombreux pays et des dirigeants du secteur privé ont pris part au lancement de la candidature d'Amadou Hott.

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