« Ba ndundu ya Brazza » ou « Les albinos de Brazzaville » : c'est le titre d'une exposition photos qui se tient dans la capitale congolaise à l'initiative de l'Association Jhony Chancel pour les albinos. Réalisées par le photographe suisse Pierre William Henry, les clichés montrent les différentes facettes de la vie de ces personnes souvent stigmatisées.
Nous sommes en fin de journée. Le ciel s'est assombri sous la menace d'une grande pluie. Dans le hall de l'Institut français, sur des tableaux blancs, sont accrochées plusieurs dizaines de photographies de personnes albinos. C'est le Suisse William Henry qui a tiré ces portraits. « Il y a beaucoup de gens qui ne savent même pas comment vivent les albinos, lance-t-il. Ils ont des problèmes des yeux, des cancers de la peau, ils doivent toujours être couverts. C'est compliqué. Les problèmes des albinos ne sont pas faciles. C'est un autre monde ».
Ces photographies montrent, entre autres, les scènes de la vie courante ou encore la discrimination dont les albinos font l'objet à l'école, à l'hôpital ou dans d'autres milieux ».
Jeune étudiante albinos de 19 ans, Nelcia Bibandzoulou estime que cette exposition a sa raison d'être : « C'est pour faire comprendre que nous sommes des personnes normales, que nous n'avons pas de pouvoirs surnaturels et que nous avons le droit de vivre comme toute autre personne. »
Les images oscillent entre difficultés du quotidien et résilience. Sur l'une des photos, on peut voir un jeune albinos, alité mais entouré par ses amis, ou encore des enfants albinos s'amusant devant un atelier de couture tenu par un membre de la communauté.
« Une façon de valoriser la personne vivant avec albinisme »
Cette exposition vise donc à faire changer les esprits sur les albinos, car la communauté reste victime de discriminations, comme l'explique Chancel Ngamouana, qui dirige l'association des albinos, ainsi qu'une clinique médicale qui soigne ces personnes. « L'exposition dénommée par "Ba ndundu ya Brazza" est une façon pour nous de valoriser la personne vivant avec albinisme, explique-t-il. Très souvent, nous parlons du cancer de la peau qui est la première cause de mortalité des personnes vivant avec albinisme. Aujourd'hui, nous avons voulu présenter le côté positif de cette personne pour lutter contre les préjugés, la discrimination, le rejet et même les assassinats dans d'autres pays, pour essayer d'attirer l'attention d'autres personnes qui vivent avec des méthodes dérivées, une manière de discriminer les autres, pensant que les personnes vivant avec albinisme sont des sous-hommes ».
Chancel Ngamouana conclut : « Nous, ce que nous pouvons faire, c'est de combattre cela en sensibilisant et en accompagnant les personnes vivant avec albinisme. Nous intervenons aussi dans le domaine scolaire, socio-professionnel. Nous voulons sensibiliser pour accompagner les personnes avec albinisme. »