Depuis dix jours, Madagascar s'anime au passage des voitures de campagne, au rythme de concerts et distributions de dons. Le pays est en pleine « propagande » - comme elle est qualifiée dans le pays - des élections municipales prévues le 11 décembre prochain. Et si chaque candidat tente d'investir le plus l'espace public, la coalition présidentielle Irmar semble gagner la bataille de la visibilité, à l'aide de grands moyens déployés et d'arguments communs à travers l'île.
En dix jours, la majorité des communes de Madagascar se sont drapées d'orange, la couleur de la coalition présidentielle. Au-delà d'occuper davantage l'espace public que leurs adversaires, les candidats du pouvoir n'hésitent pas à utiliser un argument différenciant pour convaincre : ils disent bénéficier du soutien naturel de l'État, présenté comme un avantage pour la réalisation des projets prioritaires de la vie de la commune.
Stella Razanamahefa, porte-parole de Safidy, la plus grande mission d'observation électorale du pays, souligne : « Les candidats proches du pouvoir profitent de cette opportunité. Ils osent même se présenter comme les candidats "fanjakana", c'est-à-dire les candidats de l'État. C'est un mot qui ne devrait pas être utilisé. Mais, dans le cadre de la campagne, c'est une sorte d'intimidation. Si vous n'élisez pas le candidat "de l'État", vous n'allez jamais voir votre commune se développer. »
« On ne doit pas utiliser l'administration et l'État »
Ce discours généralisé parmi les candidats Irmar de toute l'île est véhiculé en dépit des textes qui imposent le principe de neutralité de l'administration pendant la campagne. La société civile y voit une tentative de manipuler l'électorat. Le discours trouve en effet un écho non négligeable chez les plus précaires, agitant la crainte d'être soudainement privé d'allocations sociales distribuées par le régime.
« Ils utilisent cet argument parce que ça marche auprès de la population sans éducation électorale. On ne doit pas utiliser l'administration et l'État comme un outil de campagne électorale », insiste Stella Razanamahefa.
Six mois plus tôt, le même climat de partialité régnait déjà. En pleine campagne des élections législatives, le chef de l'État Andry Rajoelina avait multiplié les inaugurations d'infrastructures et discours de soutien non-dissimulé aux candidats du pouvoir.
Saisie, la Haute cour constitutionnelle avait considéré que le président n'avait pas enfreint la loi électorale et exerçait seulement ses fonctions.