Certains Tchadiens voient dans cette décision annoncée par leur gouvernement, le signe d'une brouille profonde entre N'Djamena et Paris.
Plusieurs désaccords seraient à l'origine de la décision annoncée par le gouvernement tchadien, selon des observateurs de la scène politique franco-tchadienne.
Tout d'abord, N'Djamena serait mécontente de la France et de l'Union Européenne en raison de leur manque de soutien financier aux processus électoraux dans le pays.
De son côté, Paris verrait mal le rapprochement du Tchad avec la Russie et les Emirats arabes unis. C'est ce qu'explique François Djekombé, le président du parti Union sacrée pour la République et par ailleurs, l'un des chargés de communication du président Mahamat Idriss Déby, lors de la dernière campagne présidentielle.
"L'Union européenne n'avait pas financé la présidentielle du 6 mai 2024 et je crois qu'il en sera de même pour les futures élections (législatives et locales). Donc il y a une sorte de méfiance du Tchad vis-à-vis de la France et de l'Union européenne. Et vu le rapprochement du Tchad avec la Russie, ou d'autres acteurs comme la Turquie, c'est quelque chose qui n'a pas plu aux autorités françaises. Donc la France avait demandé des clarifications. Cela pourrait être considéré comme une sorte d'interférence, une fois de plus, dans les affaires intérieures du Tchad. Il y avait des frustrations de part et d'autre."
"Nous sommes contre toute force étrangère"
La décision annoncée par le gouvernement, est saluée par certaines organisations de la société civile, opposées à la présence militaire française au Tchad.
Mais celles-ci avertissent que la souveraineté du Tchad ne signifie pas remplacer la France par une autre puissance.
"Nous étions les premiers à organiser une manifestation franche contre la politique française au Tchad. Nous avions fait une tournée en Europe, notamment en France, où nous avions vu les autorités françaises pour leur faire comprendre combien elles étaient dans l'erreur de soutenir un régime qui opprime son peuple. Nous sommes contre toute force, d'où qu'elle vienne, qui aiderait un régime à opprimer le peuple tchadien", estime Max Loalngar l'un des porte-paroles de la coalition citoyenne Wakit Tama.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'internautes se disent pour leur part sceptiques quant à l'application stricte de cette décision. D'autres évoquent aussi un chantage des autorités tchadiennes vis-à-vis de la France.