« Il s'est écoulé moins de vingt minutes entre l'alerte et l'arrivée des militaires. A peine alertés, les militaires étaient déjà sur place et ont pu repousser les assaillants », se souvient le chef de quartier de Nzuma, Josué Kapisa.
Un jeudi de février 2024, à Beni, les cris d'une femme percent le calme du soir. Des rebelles présumés, en armes, avaient fait irruption dans un foyer et attaqué les habitants. Alertés par le bruit, les voisins ont rapidement informé le chef de quartier. Ce dernier a contacté les autorités militaires et le contingent tanzanien de la MONUSCO, ce qui a permis une intervention rapide.
Cet exemple démontre l'efficacité du mécanisme d'Alerte communautaire, mis en place par la MONUSCO en 2010, dans plusieurs régions du pays, pour porter rapidement secours à des civils menacés.
Détection et déclenchement des alertes au niveau communautaire
Divers acteurs clés jouent un rôle spécifique à des étapes différentes, dans le flux de transmission des informations et dans la gestion des réponses aux menaces. Tout d'abord, conjointement avec les autorités administratives et locales, une équipe de la MONUSCO sensibilise les leaders communautaires, les membres des Comités locaux de sécurité, des représentants de la Société civile ainsi que les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, sur les mesures préventives de protection dans le secteur.
Lorsqu'une menace est identifiée, les individus ou des représentants locaux déclenchent une alerte via des canaux de communication à leur disposition, souvent des téléphones portables ou des radios communautaires.
« Même au milieu de la nuit, si ce n'est pas moi, l'un de mes collègues doit pouvoir répondre et faire ce qu'il faut. Ça peut sauver des vies », détaille Micheline Masika, agent de liaison communautaire à la MONUSCO.
Transmission de l'alerte aux autorités locales et aux Affaires civiles
L'alerte est relayée aux forces de sécurité locales, telles que la Police Nationale Congolaise (PNC) et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). En parallèle, les Affaires civiles de la MONUSCO sont informées. Cette composante de la mission joue un rôle essentiel dans la coordination entre les différents acteurs et dans l'évaluation de la situation sur le terrain. Elle gère actuellement près de 150 assistants de liaison communautaire, dont plus de 73 % sont intégrés aux déploiements de la Force de la MONUSCO.
Ce modèle de collaboration, à plusieurs niveaux, a prouvé son efficacité dans des zones à risque comme Beni, où des interventions rapides ont permis de sauver des vies. Il y a plus de 2200 villages dans les zones d'insécurité au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri, qui sont couverts par les réseaux d'alerte communautaires. Au cours de l'année écoulée, ces groupes ont émis plus de 3500 alertes qui ont reçu une réponse des autorités congolaises et/ou de la MONUSCO dans 60% des cas.
Le chef du quartier de Nzuma à Beni se rappelle « Ce soir-là, sans cette intervention, les assaillants auraient pu tuer beaucoup plus de gens. Elle a permis de limiter les dégâts ».