Habiba Jendoubi est l'une des marionnettistes tunisiennes les plus qualifiées et reconnues dans la profession. A chaque spectacle, elle essaie d'innover et d'ajouter une pierre à son édifice. Avec «Atyef», elle concrétise un rêve longtemps dissimulé: réaliser un spectacle en ombres portées. Elle explique les raisons de cette approche dans cette interview.
Qu'est-ce qui vous a motivée pour mettre en scène cette nouvelle création dont l'approche artistique et technique est différente des précédentes pièces ?
Première motivation, le rêve de réaliser un spectacle totalement ombre et surtout ombres portées.
Deuxième motivation, accentuer l'idée de trouver les croisements nécessaires de la marionnette et des arts.
L'idée plastique est venue la première, ensuite j'ai cherché un texte sur lequel je me suis appuyée pour construire la dramaturgie. J'ai ensuite écrit un texte d'une force symbolique et poétique qui rehausse la technicité du spectacle.
Le spectacle s'est construit à partir d'un tissage entre installation, image, son, matière, ombres portées.
Durant le processus de création, je me suis orientée vers une forme assez originale ouverte à l'interprétation du spectateur.
«Atyef» représente l'aboutissement de mes recherches des ombres portées et de leur manipulation.
Sans divulguer le spectacle, pouvez-vous évoquer brièvement le sujet ?
L'histoire est simple. Elle aborde des thèmes universels : l'Amour et les Sacrifices sont au coeur de cette oeuvre artistique qui s'interroge sur les sentiments qui peuvent naître au cours d'une relation et la détermination avec laquelle une personne se sacrifie pour une autre par amour.
Quelle place tient la manipulation dans "Atyaf" ?
La manipulation tient une place importante. La totalité du spectacle s'appuie sur la manipulation des figurines plates et des masques portés. A la croisée du théâtre et de la marionnette, les personnages sont animés par des comédiens manipulateurs pour créer un choeur à l'image de notre humanité. J'ai cherché à jouer sur l'efficience poétique et émotionnelle, des images, de la dramaturgie, de la lumière, des sons et de la musique pour intéresser le spectateur.
Combien de temps a nécessité ce spectacle ?
Cette création a nécessité une année de réflexion, de recherche et de préparation et une année de réalisation et de mise en scène. En tout, deux années de travail acharné avec une équipe qui s'est dévouée corps et âme pour faire aboutir le projet dans sa forme actuelle.
Pour quel type de public est-il destiné ?
«Atyef» est un spectacle pour tout public jeune et adulte. La langue arabe utilisée est accessible à tous. J'espère que le spectacle aura un impact positif sur le public qui puisse me permettre d'aller encore plus loin.