Les conseils de village à travers l'île ont, depuis le début de cette semaine, procédé à l'élection des nouveaux présidents et vice-présidents de village. Une démarche qui se tient tous les deux ans. Puis, vers la fin décembre, probablement peu après les fêtes de Noël, ce seront les présidents et vice-présidents des conseils de district qui seront remplacés...
Dans moins d'un mois, tous les présidents et vice-présidents des conseils de district devront céder leur place à un autre membre élu lors des dernières élections villageoises. Une pratique qui se fait tous les deux ans au niveau de ces institutions. Mais qui tombe à point, soutiennent plusieurs, avec le changement de régime au pouvoir.
Par exemple, la situation invivable au conseil de district de Rivière-du-Rempart, avec le bras de fer entre Prembhoodas Ellayah, le président, et les conseillers, en est la preuve. «Il a occupé ce poste pendant sept ans et n'a pas voulu y bouger. Zordi, li pou bizin lev pake ale... Cela même s'il y a une affaire en cours», explique un des conseillers d'un grand village du Nord.
Pour rappel, une motion de blâme a été votée contre Prembhoodas Ellayah par 11 conseillers, fin juin. Or, le principal concerné l'a contestée par une injonction en cour. Une affaire qui est toujours devant la justice. Les conseillers avaient alors expliqué comment «dans le passé, Ellayah avait promis qu'il céderait sa place à un de ses alliés, un conseiller de district. Mais au moment de le faire, soit en décembre 2023, il s'est ravisé. Pourquoi tient-il autant à rester en poste ? Lors des élections de fin 2020, tous les autres conseils de district ont changé de président, sauf celui de Rivière-du-Rempart».
Connaît-on déjà le nom du successeur de Prembhoodas Ellayah ? «On a une petite idée, car nous sommes actuellement en majorité, mais ce n'est que dans 15 jours qu'on pourrait en parler ouvertement», avance-t-on. D'ajouter que le futur président sera quelqu'un qui travaillera pour tous les villages indistinctement et qui collaborera pleinement avec le gouvernement du jour et son ministre des Collectivités locales, Ranjiv Woochit. «Car des boycotts, il y en a eu pendant les quatre dernières années. Il vous suffit de montrer une petite affinité avec un parti adverse que celui qui dirigeait le pays et votre village n'avait aucun projet», lâche le même conseiller du Nord.
Deux femmes à la tête de Bambous
En attendant le remplacement des présidents et vice-présidents des conseils de district, ce sont les villages qui ont fait peau neuve cette semaine avec des nouveaux présidents et vice-présidents. Comme dans le village de Bambous, ce sont deux femmes qui assument désormais le rôle de présidente pour Jenita Bapoo et vice-présidente pour Kamini Mohess. Et le constat est presque identique à celui de Rivière-du-Rempart. «Bambous est connu pour être un village qui a souffert pendant ces dernières années. Tout cela parce que nous étions contre le gouvernement sortant et nous avons été victimes. Il n'y a eu aucun développement majeur», explique Jenita Bapoo.
Elle ajoute que les conseillers n'ont jamais pu faire entendre leur voix pendant les récentes années passées, mais désormais, la donne a changé. «On a finalement les outils pour travailler et les trois députés de la circonscription n° 14 sont très à l'écoute. Ils sont présents.» La présidente fraîchement élue estime que le problème sur lequel il faudra se pencher en priorité est celui de l'eau. «Alor ki Bambous enn plas kot ena larivier, ena delo, dimounn pena delo dan zot lakaz. Il faudra leur venir en aide au plus vite. Il n'est pas possible que les habitants doivent continuer à dépendre des camions-citernes.»
À savoir que Jenita Bapoo a été élue conseillère en 2020. Elle a été vice-présidente de 2020 à 2022, puis présidente actuellement. Il est également bon de noter que les prochaines élections villageoises devront se tenir en 2026.
Khemraj Ortoo, conseiller de Gros-Cailloux, aussi connu pour être proche du MMM, a, lui, tenu à rappeler que généralement, les conseils de district ont tendance à collaborer avec les gouvernements au pouvoir, même s'il est important de souligner que les candidats aux élections villageoises ne sont pas représentés sous des partis politiques traditionnels comme c'est le cas pour les élections municipales. «Cependant, la situation a grandement empiré lors des dernières années au conseil de district de Rivière-Noire, il y a eu une politisation à outrance ; si vous n'êtes pas proche du pouvoir, vous n'avez rien...»
Mécontentement à Olivia...
Dans le conseil de district de Flacq, le président Chandra Dev Bundhoo est connu pour être un proche du gouvernement de l'alliance du Changement. «Et il a fait comprendre à son entourage qu'il cédera sa place, comme le stipule la loi, en décembre prochain à un autre proche du même parti. Or, c'est dans le village d'Olivia que les choses se corsent actuellement. Plusieurs membres du conseil ne sont pas d'accord que Nunkeshwar Ramsarran, connu sous le nom de Soobash, ait été élu président de ce village de l'est, mercredi. Car il avait, dans un passé pas très lointain, des affinités avec un ministre controversé de cette région. On a peur qu'il se fasse manipuler et qu'Olivia soit encore une fois victime», soutient une source proche du conseil de district.
Elle explique que depuis 2020, les conseillers d'Olivia n'ont pu travailler qu'une année avant que le gouvernement sortant ne les boycotte, étant proches du PTr. «Aster ek sa nouvo prezidan-la, sa pe vinn enn issue...»
Grand-Port, zéro blocage !
Le conseil de district de Grand-Port a été l'un des conseils les moins appréciés par le gouvernement sortant, car son président, Rajeev Jangi, a toujours affiché sa couleur rouge. D'ailleurs, publiquement et ouvertement, à de nombreuses reprises, il avait dénoncé les boycotts du gouvernement et comment aucun projet ne se concrétisait dans les 24 villages tombant sous sa tutelle.
Depuis l'annonce des résultats des dernières élections générales, Rajeev Jangi porte un large sourire. «Pena blokaz aster, fek la nou fek gagn approval pou fer drin dan plizir vilaz pou enn total Rs 94 milion.» Un projet, dit-il, attendu depuis 2021. Or, comme le prévoit la loi, il devra aussi céder sa place en décembre prochain à un nouveau président du conseil de district. «J'ai fait ce que j'ai pu malgré les représailles...»
À quand les élections municipales ?
Les citadins suffoquent, ils n'en peuvent plus. Il faut préciser que les dernières élections municipales remontent à 2015 ! N'est-il pas grand temps de changer ? De plus, après la victoire écrasante de 60-0 en faveur du gouvernement du jour, pourquoi ne pas battre le fer tant qu'il est encore chaud ? Si le nouveau ministre des Collectivités locales, Ranjiv Woochit, a soutenu lors de la prestation de serment des ministres que sa priorité était d'organiser les élections municipales, celles-ci ont été renvoyées à deux reprises par l'ancien régime. Paul Bérenger, lors du meeting de remerciement le 16 novembre dernier, a aussi abordé ce sujet et a indiqué que ces élections risquent de prendre un peu de temps car il faut désormais revoir certaines législations à cet égard, mais qu'elles seront «tenues aussi vite que possible». Ce sera, selon nos informations, pas avant le début de l'année prochaine.