La vie est un combat. Pour d'aucuns il l'est encore plus. Il est cumul, un enchaînement de luttes contre une adversité qui n'est pas de l'ordre de l'ordinaire, mais qui rime avec la mort. La mort d'un corps qui s'éteint au travers d'un terrible diagnostic, mais aussi la mort d'enfants qu'on ne parvient pas à faire arriver au monde. Telle est l'histoire de Naomi Ngambaka, artiste poétesse...
" Dis-moi quelle est ton histoire et je te dirai qui tu es ". Seulement voilà, il y a des histoires qui sont difficiles à écouter, parfois même à dire, à témoigner. Les gens qui marchent dans la rue ne sont pas de simples ombres d'un système. Ils ont des histoires, des douleurs, des parcours de vie extraordinaires. Ils luttent. Ce sont des guerriers. Ils ont en eux suffisamment de force pour changer la face du monde, ils portent sur leurs épaules tout le poids du monde.
Naomi Ngambaka, 38 ans, artiste poétesse, est une héroïne sous couverture. Elle marche dans la vie de façon anonyme sous une casquette, une coupe rase ou de jolies tresses à l'Africaine. Elle se couvre d'un foulard dans un style classique, ou une chemise de ville. Elle est toujours prête pour le prochain rendez-vous en ville, professionnel ou artistique. Elle a faim de la vie, elle s'extasie de la vie. Il faut dire qu'elle le connaît, le prix de la vie. Joyeuse, sensible, le coeur sous la peau, elle prend la vie côté plaisir car elle a bien connu le pire.
En 2017, alors qu'elle est alors âgée de 31 ans, elle est assommée par un diagnostic qu'elle n'aurait jamais pu voir venir : une tumeur bénigne du cerveau. Elle tombe sans préavis dans un univers inconnu et qu'elle ne veut pas connaître. Pendant quatre ans, elle refuse de se soumettre à une entrave pour son âme et une douleur de trop pour sa chair. Naomi en a connu des douleurs, celles qu'on avoue à demi-mot, et celles qui ne s'évacuent que par des perles cristallines sous la couverture.
Mère d'un garçon qui lui est un don du Ciel, elle a connu par deux fois ce qu'elle qualifie d'échecs en maternité. Elle aura perdu des jumeaux et une petite fille qui aura quitté la vie trop tôt, à des âges où elle ne saura jamais ce qu'était la vie.
La vie, Naomi n'en connaît que les douleurs, les traumatismes, les abus, les excès de la race humaine. Elle est ainsi livrée sans salut au stress, aux peurs qui tétanisent et réveillent dans la nuit, aux torpeurs qui collent des absences plus ou moins longues en phase d'éveil. Les malheurs qu'elle enchaîne en nombre avec leur cortège de douleurs invisibles lui collent l'étiquette d'un diagnostic dont elle n'a pas envie.
Après plusieurs années de lutte, de refoulement, de déni, aux signes de manifestations de la tumeur qui tient son nid dans son cerveau et de ses séries de complications sous forme d'accidents vasculaires cérébraux, Naomi réagit. Si la mort l'a toujours suivie, elle n'était plus loin de se saisir d'elle-même désormais. Il lui fallait revivre.
C'est au travers de la poésie qu'elle entame son processus de renaissance et qu'elle demande de l'aide à un professionnel sous une casquette de psychologue. Ainsi bien entourée, d'un mari qui la chérit, d'un fils qui pose sur son expérience un regard pudique, encadrée par une équipe de professionnels qu'elle finira par rejoindre ne connaissant que trop bien les ficelles de la destruction humaine par soi-même et par les autres, Naomi renaît avec beaucoup de joie, d'assurance, de confiance en la vie, de pression qu'elle exerce désormais sur la maladie et pas le contraire, et de textes de slam dont elle fait un recueil, puis deux, dans un concept simple qui en dit long et dit tout sur son parcours : la psycho-slam-thérapie.