Lamentable. La campagne électorale pour les élections communales du 11 décembre prend l'allure d'un déballage dans les règles de l'art dans la capitale. Faute d'arguments pour convaincre les électeurs qui croient encore aux promesses de changement et aux artifices des discours politiques, la campagne de certains candidats versent carrément dans le dénigrement.
Au lieu de présenter un programme d'assainissement et de développement de la capitale, on déterre le passé et on passe aux révélations pendant les années où on était en atomes crochus avec ceux qui sont devenus aujourd'hui leurs meilleurs ennemis. On ne dénigre pas un plat qu'on a mangé ensemble, il n'y a pas longtemps. On ne lave pas le linge sale en public, même si c'est pour des causes électorales.
Les candidats coupables de cette mauvaise conduite, de ce manque de droiture et de respect font eux-mêmes une contre-campagne. Ce n'est pas en médisant vos concurrents que vous allez gagner des voix. L'histoire a appris que le fait de révéler qu'un candidat à la présidentielle est un repris de justice n'a fait que contribuer à un raz-de-marée en sa faveur le jour du scrutin.
C'est triste qu'une campagne électorale se résume à des attaques entre certains candidats accusés d'être financés par un tel ou un tel. Les réseaux sociaux contribuent largement à cette entreprise malsaine.
Les débats ne volent pas haut. Ce qui est déplorable, c'est que certains candidats ignorent les attributions d'un maire. On parle de création d'emplois, de soutien aux démunis, de formation de jeunes... Certains candidats promettent de résoudre le problème d'eau et d'électricité. Eh oui, l'occasion fait le larron. On aurait cru à une élection présidentielle. Il faut recentrer les débats et garder les pieds sur terre.
Déjà, il y a beaucoup à faire à Antananarivo. Si le maire élu est capable de trouver des solutions aux problèmes éternels de la ville, c'est déjà un pas de géant. Les promesses, surtout électorales, n'engagent que ceux qui y croient. Tracer un plan sur la comète dans une conjoncture difficile, c'est se compliquer son mandat. D'ailleurs, quel que soit le maire élu, sa tâche sera particulièrement difficile.
Se faire élire dans la capitale est une chose, réussir à métamorphoser la ville en est une autre. Gagner les communales à Tana demeure un exploit, mais arriver à lui donner son lustre relève d'un autre exploit. C'est d'autant plus vrai qu'à moins d'une assistance soutenue de l'État central, le futur maire de la capitale n'aura pas les moyens de ses ambitions, quel que soit son bord politique. Mais il faut saluer le courage des candidats d'avoir osé se présenter et investir dans la campagne puis de croire qu'un pigeon pourrait se trouver dans les urnes.