Le Chama Cha Mapinduzi (CCM), parti au pouvoir depuis des décennies en Tanzanie, a revendiqué une victoire écrasante aux élections locales, remportant plus de 98 % des sièges, selon un ministre. Des résultats contestés par l'opposition, qui dénonce des fraudes massives et déplore la mort de trois de ses membres dans des incidents liés au scrutin, ce qui a fait réagir l'Église catholique du pays.
Dès la période de nominations, de nombreux incidents ont émaillé le processus électoral en Tanzanie, faisant cinq morts, dont plusieurs membres du Chadema, selon le principal parti d'opposition.
Une situation inédite depuis 1980, qui a suscité une vive condamnation de la part de l'Église catholique. Le père Charles Kitima, secrétaire général de la Conférence épiscopale de Tanzanie, s'est exprimé à ce sujet : « Ces personnes ont été tuées chez elles, dans l'intimité de leur domicile, et non dans un lieu public. Lors des élections précédentes, bien qu'elles n'aient pas été libres ni équitables, il n'y avait ni violences ni assassinats. Aujourd'hui, nous avons atteint un point où des meurtres sont commis. Où va la Tanzanie ? Et on n'entend pas le gouvernement condamner ces actes. »
Outre la répression, des observateurs ont signalé des fraudes, avec des bulletins insérés avant même l'ouverture des bureaux de vote.
Une privation de droits fondamentaux
Pour le père Charles Kitima, cette situation prive les communautés rurales, majoritaires en Tanzanie, de leurs droits fondamentaux : « Avec 62 000 sous-villages, dont 67 % situés en zones rurales, les Tanzaniens dépendent des élus locaux pour leurs services quotidiens. Imposer des dirigeants est une injustice envers ces communautés qui aspirent à choisir librement leurs représentants. »
Ce scrutin, perçu comme un test démocratique pour la présidente Samia Suluhu Hassan, interroge sur les élections de l'an prochain, où elle devra briguer un nouveau mandat pour asseoir sa légitimité auprès des Tanzaniens, après avoir succédé à John Magufuli sans passer par les urnes.