Sénégal: « La gloire du chasseur » de Diaka Ndiaye veut mettre la lumière sur le massacre des tirailleurs

Dakar — "La gloire du chasseur", un film de la réalisatrice Belgo-sénégalaise, Diaka Ndiaye, relatant le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944, veut mettre la lumière sur cet évènement tragique.

Ce film de 90 minutes a pour but d'expliquer comment ce qui s'est passé à Thiaroye, il y a 80 ans, trouve sa source dans une logique mise en place par la France, puissance coloniale, depuis le milieu du 19ème siècle, selon la réalisatrice qui a raconté la façon dont le massacre des tirailleurs a été maquillé par le »mensonge d'Etat » des dirigeants français de l'époque coloniale.

Le film aborde l'histoire de Birame Senghor, ancien gendarme, qui cherche à obtenir depuis des décennies réparation, après la mort de son père, Mbap Senghor, matricule 32 124, un tirailleur tombé sous les balles des soldats français.

"C'est le monde de la culture qui a porté cette histoire depuis le début. Moi, j'avais envie de faire quelque chose de plus en profondeur, d'un point de vue historique", a déclaré la réalisatrice.

Elle s'entretenait avec des journalistes, à la fin de la projection du film au Musée des civilisations noires, à Dakar, en prélude à la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.

Selon la réalisatrice, il s'agit, à travers ce film, de faire un cours d'histoire, avec des livres, des chapitres, entre autres.

"Je veux que celui qui regarde ce film et qui ne connaît pas l'histoire de Thiaroye, ou qui le connaît peu ou prou, se dise, à la fin des 90 minutes : ah oui !, effectivement, je ne savais pas cela, j'ai appris telle chose", a expliqué Diaka Ndiaye.

Elle a estimé que le plaidoyer de cette commémoration, "est de demander aux autorités françaises de lâcher l'affaire et de sortir les archives".

"Il est plus que temps, cela fait 80 ans. Birame Senghor, que j'ai rencontré, est octogénaire. Il souhaite que cette histoire soit réglée avant qu'il ne quitte ce monde", a-t-elle fait savoir.

Elle a toutefois fustigé le comportement des dirigeants africains qui n'ont rien fait pour tirer cette histoire au clair, notamment Léopold Sédar Senghor, premier président sénégalais (1960-1980).

"Je voudrais que la jeunesse retienne qu'il n'y a pas eu 35 morts. C'est faux et archi-faux. Les documents ont été falsifiés. Cela a été démontré. Donc qu'on sache qu'il y en a eu beaucoup plus, 300 à 400, au moins 300. Qu'on sache que ce n'était pas une mutinerie, ni une révolte", a ajouté Mme Ndiaye.

»La gloire du chasseur » demeure une trilogie, dont le premier volet "Thiaroye" sera projeté en avant-première, lundi, au Musée des civilisations noires.

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