Dakar — L'historien et inspecteur général de l'éducation, Mor Ndao, invite à un combat contre l'oubli pour entretenir la mémoire des tirailleurs sénégalais massacrés au Camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944.
»Ce qui reste, c'est ce combat contre l'oubli qu'il faut mener et dépasser le devoir de mémoire. C'est très bien de reconnaître les faits, prendre des actes politiques, la reconnaissance de la nation, mais au-delà du devoir de mémoire, il y a le travail de mémoire à mener », a-t-il dit au cours d'un entretien accordé à l'APS.
Selon l'historien, le travail de mémoire implique la conjonction de toutes les forces, le dialogue intergénérationnel afin de passer le témoin aux générations futures.
»Il y a un acte de transformation, de participation citoyenne, de dialogue et de co-construction, de transmission des valeurs aux générations futures à faire », préconise M. Ndao, par ailleurs directeur de l'Ecole doctorale Ethos.
L'inspecteur général de l'éducation demande que ce massacre, à Thiaroye, perpétré sur »nos valeureux tirailleurs qui ont participé à la construction et l'édification du monde libre, et assassinés à leur retour de la deuxième Guerre mondiale » soit enseigné dans toutes les écoles, mais "de manière objective".
Le professeur Mor Ndao, qui qualifie ce fait d'histoire "d'assassinat » appelle à se projeter vers l'avenir pour aller vers un travail de mémoire.
"Il y a le devoir de mémoire, le travail de mémoire et la volonté de mémoire. Ces trois composantes doivent être en conjonction », insiste-t-il.
Cette volonté de mémoire doit, selon lui, être l'aboutissement d'un long travail, d'une longue prise de conscience et aussi de bataille.
"Je pense que, comme ils [Les Français] ont fait pour la guerre d'Algérie avec la commission Stora, la France doit reconnaître ce crime contre les tirailleurs. Il y a aussi l'Angola où il y a eu des avancées, de même qu'au Rwanda. Pourquoi pas pour Thiaroye ?", s'interroge le spécialiste des questions militaires, qui appelle à continuer de mener le combat.
"Il faut transmettre cette mémoire aux générations futures. Et c'est très important. Tôt ou tard, il faut que la France reconnaisse que c'est un crime », a t-il lancé.
Le professeur Mor Ndao invite aussi ses collègues à »faire ressortir cette vérité en réécrivant cette histoire pour remettre les choses à l'endroit afin que les gens sachent ce qui s'est réellement passé et tirer les leçons et les enseignements pour nous projeter dans le futur".