Le ministère de l'enfance, de la promotion féminine et des personnes vulnérables en partenariat avec le réseau des femmes africaines ministres et parlementaires de Guinée (REFAMP-Guinée) a organisé une conférence-débat ce vendredi 29 novembre 2024 à Conakry sous le thème "Enjeux liés aux VBG et mécanismes de prévention". Cette activité s'inscrit dans le cadre de la campagne internationale des 16 jours d'activisme contre les violences basées sur le genre (VBG).
Selon les organisateurs, la rencontre vise à sensibiliser et à mobiliser l'ensemble des acteurs face à ce fléau qui affecte profondément la société guinéenne.
Prenant la parole, Mariama Satina Diallo Sy, présidente du Réseau des Femmes Leaders africaines chapitre Guinée (AWLN Guinée) et du Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires de Guinée (REFAMP) a dit que ces violences qui touchent particulièrement les femmes et les filles, ne sont pas des incidents isolés, mais un problème systémique profondément ancré dans "nos structures sociales et culturelles".
Selon elle, aujourd'hui, une femme sur trois dans le monde a été victime de violence physique ou sexuelle et le plus souvent par un partenaire intime.
"En Guinée, les chiffres sont tout aussi alarmants. Près de 80% des femmes et filles âgées de 15 à 64 ans ont subi une forme de violence, et seulement une faible proportion d'entre elles reçoivent l'aide dont elles ont besoin. Ces chiffres ne racontent qu'une partie de l'histoire. Ils ne peuvent exprimer toute la douleur, les souffrances et les espoirs brisés. Ils ne peuvent non plus décrire les tragédies comme celles de Aïsha Bah et Mariama Dalanda Barry, deux jeunes filles qui nous ont été arrachées dans des conditions insupportables. Face à cette réalité, il est de notre devoir collectif de dire non à l'indifférence et de poser des actions concrètes", a-t-elle entamé.
Pour la présidente du REFAMP, cette conférence-débat qui met l'accent sur les enjeux des VBG et les mécanismes de prévention est un pas important vers cet objectif.
"Je tiens à rappeler que nous nous engageons activement à lutter contre les violences faites aux femmes et à promouvoir leur autonomisation à travers: Le plaidoyer: nous oeuvrons pour l'adoption et l'application rigoureuse de lois protégeant les femmes et les filles contre toutes formes de violence; La sensibilisation communautaire: nous intervenons directement auprès des communautés, particulièrement en milieu rural, pour déconstruire les normes qui justifient ou tolèrent ces violences;
L'autonomisation économique: nous sommes femme convaincus qu'une femme économiquement indépendante est moins exposée à des situations de violence et plus apte à s'en sortir. Ces actions ne seraient pas possibles sans le soutien de nos partenaires, auxquels je tiens à exprimer ma gratitude: notre ministère de tutelle, le système des Nations Unies en Guinée, le corps diplomatique, le secteur privé ainsi que les ONG.
Laisser perdurer les violences basées sur le genre, c'est condamner notre avenir. II est temps d'agir, de briser les silences et de transformer les promesses en réalités tangibles. La Guinée a besoin de femmes fortes, épanouies et en sécurité, car c'est par elles que se construisent les sociétés les plus résilientes", a-t-elle indiqué.
Dans son discours d'ouverture, Aïssatou Diallo, cheffe de cabinet du ministère de l'enfance, de la promotion féminine et des personnes vulnérables a tout d'abord adressé ses félicitations à la Coalfion AWLING pour avoir pris l'initiative de la présente rencontre d'échange autour d'un thématique aussi important que les Violences Basées sur le Genre dans le cadre de la célébration des 16 jours d'activisme que son département en collaboration avec l'ensemble des acteurs organise chaque année à l'image de la communauté internationale.
Aïssatou Diallo, cheffe de cabinet du ministère de l'enfance, de la promotion féminine et des personnes vulnérables"Les Violences Basées sur le Genre demeurent la forme la plus répandue des cas de violations des droits de l'Homme dans le monde. L'impact de ces violences constitue un enjeu de taille pour le développement socio-économique de notre pays. Ces violences empêchent les femmes et les filles d'exprimer librement leurs potentiels à tous les niveaux qui auraient contribué à l'essor du développement de la famille, de la communauté et de la nation toute entière.
Ainsi, à l'échelle mondiale, on estime que 736 millions de femmes/filles près d'une sur trois ont été victimes d'une des formes de violences, qu'elles soient physiques et ou sexuelles, morales ou économiques, etc. En Guinée selon les résultats de l'Enquête Nationale réalisée en 2016, 80,7% de femmes et filles âgées de 15 à 64 ans ont affirmé avoir subi au moins une des formes de violences contre 91% en 2009.
Concernant le mariage d'enfants, le pourcentage des filles qui entrent en union avant 15 et 18 ans est respectivement de 21% et de 54,6% (MICS 2016) contre 25,9% et 57, 8% en 2012. La prévalence des mutilations genitales féminines parmi les filles et femmes de 15 à 49 ans est de 94,5% et 39% pour les filles de 0 à 14 ans (EDS 2018) contre respectivement 96,9% et 45,5% en 2012.
Au regard de l'ampleur que prend ce fléau dans notre pays et surtout la recrudescence des cas de viols sur mineures, il devient plus qu'urgent de renforcer la synergie pour redynamiser les mécanismes de gestions des cas. La présente rencontre s'inscrit dans cette dynamique. À cet effet, il faudra développer des actions d'information, de sensibilisation et de communication pour un environnement favorable à la protection des filles et des femmes y compris l'application effective des textes de loi", a-t-elle indiqué.
Avant de terminer, elle a tenu à réaffirmer la disponibilité de son département à oeuvrer, avec l'ensemble des partenaires pour l'élimination des violences en Guinée.