Des habitants de Thiaroye-sur-mer au Sénégal, se prononcent sur ce massacre commis par l'armée française le 1er décembre 1944.
Ousmane Samba, est un natif de Thiaroye-sur-Mer au Sénégal.
"On n'était pas encore né mais on nous a raconté l'événement", dit-il.
Thiaroye-sur-Mer est un village dans lequel des dizaines de tirailleurs sénégalais ont été froidement abattus le 1er décembre 1944.
"Si quelqu'un a donné sa vie pour te sauver, il mérite plus de récompense que de le faire tuer. C'est malheureux", ajoute Ousmane Samba.
Aujourd'hui âgée de 37 ans, Ndèye Safiétou Mbaye, à l'instar de nombreux jeunes sénégalais, a aussi déjà écouté le récit de la tuerie perpétrée au camp militaire de Thiaroye-sur- mer.
Elle espère connaitre un jour la vérité sur l'histoire des tirailleurs tombés sous les ballesde l'armée coloniale.
"C'est lors de l'inauguration du cimetière de Thiaroye 44 par l'ancien président Abdoulaye Wade que j'ai su que nos ancêtres qui reposent sur nos terres étaient partis représenter l'Afrique au côté de la France pour combattre et qu'ils sont revenus comme de braves guerriers et qu'ils ont été massacrés en demandant leurs dus au niveau du camp de Thiaroye-sur-mer. Nous attendons la vraie histoire", explique Ndèye Safiétou Mbaye, native de Thiaroye-sur-mer, Sénégal.
L'imam Seydina Sall, sexagénaire, est le porte-parole du village de Thiaroye-sur- mer, sa terre natale depuis 1964.
Il a travaillé pendant plus de 60 ans pour la réhabilitation de sa communauté.
"C'est mon père qui m'a raconté l'histoire. Aucun supérieur ne doit tuer quelqu'un au sujet de ses droits. Ça, c'est de l'injustice. Et ce qui est écoeurant, la France n'a rien fait pour Thiaroye. La France devrait faire quelque chose pour les habitants de Thiaroye-sur-Mer ou l'État du Sénégal", dit l'imam.
Des tombes à identifier
Le secrétaire municipal de Thiaroye-sur-Mer, Ousseynou Fall, est plutôt satisfait de la réalisation de certaines infrastructures symboles de ce massacre.
Il explique que la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs prévue ce 1er décembre permettra également de réunir les parents des tirailleurs défunts.
"Dans le cimetière, il n'y avait que, par exemple, les tombes ! Mais avec l'accompagnement de l'État et de la ville de Pikine, la grande commune, nous avons pu bénéficier d'un cadre d'exposition des objets des tirailleurs sénégalais. Et donc, en 2024, l'État du Sénégal vient compléter les locaux à travers la réalisation d'un centre de documentation et de bibliothèque. Ça veut dire que, qu'on soit du Mali, du Burkina, de la Guinée, on a la possibilité de vivre en grande communion"
À la veille de cette commémoration, personne ne peut identifier avec précision les tombes, ni la nationalité, ni le nombre de tirailleurs abattus par l'armée coloniale française selon l'historien et anthropologue sénégalais Mansour Aw.
"C'est à nous, historiens, de faire ce travail. Nous ne l'avons pas encore fait, et c'est ça qui est dommage ! Les archives sont là, qui sont fournies. Personne n'a confiance en ces archives, mais au moins il faut éplucher toutes ces archives et voir ce qu'elles disent !"
Il y a 80 ans, des tirailleurs sénégalais de retour de la Seconde Guerre mondiale avaient été massacrés par l'armée coloniale française dans le camp militaire de Thiaroye-sur-mer alors qu'ils réclamaient leurs primes de démobilisation et d'arriérés de solde. Les chiffres officiels font état de 35 tués. Chiffres inexacts selon d'autres sources.