La Fondation des Îles Seychelles (SIF) a exhorté le gouvernement à intervenir pour revoir le projet hôtelier en cours de développement sur l'île Assomption, invoquant des préoccupations concernant son ampleur, son impact écologique et sa compatibilité avec les objectifs de conservation.
Un projet controversé
L'annonce intervient après que l'Autorité de planification a approuvé un projet de complexe cinq étoiles sur cette île écologiquement sensible. Initialement conçu comme une modeste installation d'écotourisme de 10 à 40 chambres pour accueillir les visiteurs d'Aldabra, l'un des sites les plus précieux inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, le projet actuel prévoit la construction de 37 grandes villas, de plusieurs restaurants et d'un accès aux vols internationaux.
Bernard Georges, président du conseil d'administration du SIF, a exprimé sa surprise face à ces changements :
« Ce qui était prévu pour Coëtivy a été transféré à Assomption sans explication claire. Nous avons découvert cette évolution progressivement. »
Le SIF estime que comparer Assomption à des îles comme La Digue, pour justifier l'impact minimal des 37 villas, est une analogie trompeuse. Contrairement à La Digue, qui est habitée et dispose d'une infrastructure touristique établie, Assomption reste un écosystème fragile proche d'Aldabra, rendant tout développement de grande ampleur problématique.
Des risques pour la biodiversité et la biosécurité
Le Dr Frauke Fleischer-Dogley, directrice générale du SIF, a souligné les risques potentiels pour la biosécurité à Aldabra. Chaque visiteur de l'atoll suit actuellement des protocoles rigoureux pour éviter l'introduction d'espèces invasives.
« Nous limitons les débarquements à 120 passagers à la fois, soumis à des inspections strictes. Un projet mal géré sur Assomption pourrait compromettre ces mesures. »
Le SIF s'inquiète également du matériel promotionnel utilisé par Asset Group, le développeur du projet, qui met en avant des images d'espèces emblématiques d'Aldabra. Cela, selon le SIF, détourne l'attention des véritables enjeux environnementaux et exploite la réputation d'Aldabra pour légitimer un développement non conforme aux objectifs de conservation.
Pour l'heure, IDC a planté des piquets dans le sol pour délimiter les futures villas. (Rassin Vannier, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY
Appel à une révision et action possible
Le SIF a déclaré ne pas s'opposer à un projet hôtelier sur Assomption, mais exige que celui-ci soit revu pour refléter l'intention initiale d'un écotourisme durable. M. Georges a ajouté :
« Nous sommes prêts à collaborer pour adapter le projet afin qu'il réponde aux intérêts d'Aldabra et du pays. Si ce n'est pas fait, nous envisagerons toutes les options, y compris des recours juridiques. »
En vertu de la Constitution seychelloise, le gouvernement a l'obligation de protéger l'environnement, un principe récemment confirmé par la Cour d'appel. Le SIF s'appuie sur cet engagement pour s'assurer que le projet respecte les normes écologiques et éthiques requises.
Ce projet met en lumière la tension persistante entre développement économique et conservation dans l'archipel, avec un défi de taille : trouver un équilibre entre préservation et progrès.