Le mercredi 27 novembre, le cinéma Ciné Cambaie de La Réunion accueillait la projection du film indien «Santosh», réalisé par Sandhya Suri, dans le cadre du Festival international du film au féminin, organisé par Edith Semmani. Un événement marqué par une salle comble et une atmosphère empreinte d'émotion, malgré l'absence de la réalisatrice, retenue par un déplacement pour les Oscars. Son message, diffusé en vidéo, a résonné comme une invitation personnelle à explorer les injustices, qui déchirent l'Inde contemporaine.
Un drame policier poignant et audacieux
Santosh raconte l'histoire de son héroïne éponyme, jouée par la talentueuse Shahana Goswami. À la suite de la mort de son mari, un policier respecté tué lors d'une émeute, Santosh hérite de son poste dans le cadre de la loi indienne sur le «recrutement compassionnel». Dans un univers dominé par le sexisme, elle se bat pour faire respecter son autorité tout en enquêtant sur la disparition d'une jeune fille issue de la caste des Intouchables.
Le film offre des scènes marquantes, qui dénoncent avec intensité les inégalités sociales et les violences systémiques. Parmi elles, le moment où Santosh punit un jeune homme en lui imposant des squats pour avoir harcelé une jeune fille. Une autre scène poignante est celle où la famille Pippal signale la disparition de leur fille sans que la police ne daigne réagir, jusqu'à ce que le corps de la jeune femme soit retrouvé dans un puits. Ces moments tragiques ont exposé avec force la violence de caste et la négligence institutionnelle.
Un public frappé par les inégalités
La salle, plongée dans un silence presque sacré, a réagi avec intensité à chaque scène. Des murmures indignés ont accompagné les injustices auxquelles Santosh fait face. À la fin du film, un temps d'échange a permis au public de partager ses réflexions. Quelques-uns ont exprimé leur consternation face à la dure réalité dépeinte par le film, mais aussi leur admiration pour la résilience de son héroïne remerciant le festival d'avoir permis la réalisation de ce moment.
Edith Semmani organisatrice du festival et Laurence Lefèvre animatrice et journaliste.
Santosh transcende son cadre géographique pour adresser un message universel : la lutte pour la justice et la dignité est un combat collectif. Ce film rappelle, avec une sincérité brutale mais nécessaire, que les systèmes oppressifs ne peuvent être démantelés sans courage et détermination. En quittant le cinéma Ciné Cambaie, les spectateurs semblaient transformés, plus sensibles à la souffrance des autres et prêts à remettre en question leurs certitudes. Santosh n'est pas seulement un film, mais aussi une expérience qui marque, qui élève et qui continue de résonner bien après le générique de fin.
Une expérience inoubliable
Assister à cette projection m'a offert une expérience inoubliable. Santosh m'a plongé dans un univers où la force morale d'une femme défie des systèmes enracinés d'oppression. Le film invite à questionner nos propres perceptions des normes sociétales et notre rôle dans leur perpétuation. Ce qui m'a particulièrement frappé, c'est le regard de la réalisatrice, qui parvient à capturer avec une poésie visuelle bouleversante la complexité de l'Inde contemporaine. Les scènes, parfois dures, sont magnifiées par des plans qui subliment la souffrance pour la transformer en une quête d'humanité.