C'est une promesse que Joe Biden voulait manifestement tenir avant la fin de son mandat, faire un voyage officiel en Afrique. Ce sera probablement sa dernière visite à l'étranger avant de quitter la Maison Blanche. Et pour cela, il a choisi l'Angola, ce qui n'est pas un hasard. Les États-Unis financent un projet à la fois pharaonique et stratégique : la réhabilitation du corridor de Lobito.
Il devait déjà le faire en 2023, mais le calendrier politique national et international l'en avait empêché. Même chose au mois d'octobre dernier, ce sont les ouragans qui l'avaient retenu aux États-Unis. Cette fois-ci, Joe Biden ira bien en Angola. Et le choix de ce pays d'Afrique australe n'est pas un hasard.
Après des années difficiles, les relations se sont nettement améliorées depuis l'arrivée au pouvoir de João Lourenço. Le président angolais a été reçu à Washington il y a un an. L'Angola est devenu un partenaire majeur pour les États-Unis. Sur le plan de la sécurité, Washington ne cesse de louer le rôle de l'Angola dans les efforts de stabilisation à l'Est de république démocratique du Congo.
C'est d'ailleurs pour relier par le train la RDC, et ses importantes ressources minières à la côte atlantique en Angola en passant par la Zambie que les États-Unis investissent massivement dans le projet ferroviaire du corridor de Lobito.
Un projet à 600 milliards de dollars
Mené et financé conjointement avec l'Union européenne et des partenaires privés, le corridor de Lobito est un projet très spécial et d'envergure pour les Américains. « Du type qui n'arrive qu'une fois par génération », affirme-t-on à Washington. Un projet à 600 milliards de dollars. Une première phase est déjà terminée. La réhabilitation du tronçon de 1 300 km entre Lobito sur la côte angolaise et la frontière congolaise.
Reste également à réhabiliter la partie congolaise jusqu'à Kolwezi. La deuxième phase prévoit la construction d'un nouveau tronçon aujourd'hui totalement inexistant de 800 kilomètres pour relier la Zambie à Lobito. Les études de faisabilité viennent de se terminer. La visite de Joe Biden devrait aboutir d'ailleurs à de nouvelles annonces à ce sujet, détaille Charlotte Cosset, du service Économie de RFI.
Mais le projet ne s'arrête pas là : il prévoit la construction de nombreuses infrastructures permettant l'interconnexion avec des réseaux routiers, le développement de réseau mobile et le développement d'infrastructures d'énergie renouvelable.
Des alternatives aux Routes de la soie chinoises
Un projet inédit de partenariat public-privé qui avance vite. Les Américains visent à montrer que ce modèle fonctionne et qu'il peut être dupliqué, affirme la Maison Blanche. Pour le chercheur Thierry Vircoulon, nul doute qu'il s'agit d'une course au contrôle des voies d'exportation des réserves de minerais critiques.
En effet, les États-Unis veulent proposer des alternatives aux Routes de la soie chinoises. Le projet de Lobito pourrait être étendu vers la côte Est via la Tanzanie. Mais des voies via la Namibie et l'Afrique du Sud sont aussi considérées. « Plus de choix, plus d'options signifie que les États peuvent demander plus d'investissements et de meilleure qualité, insiste-t-on dans les équipes de Biden. La loi de la concurrence. »