Au Soudan, l'interception il y a quelques jours, par les forces communes alliées de l'armée soudanaise, à une demi-heure d'el-Fasher de trois mercenaires colombiens a fait le tour des réseaux sociaux. Ils faisaient partie d'un convoi d'armes venant du Tchad en direction des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Leurs passeports colombiens ont été filmés avec un tampon de sortie récent apposé à l'aéroport d'al Maktoum à Abou Dhabi.
C'est un cas qui est loin d'être isolé. Depuis la divulgation des photos et des vidéos des passeports de colombiens au Soudan, l'affaire est largement traitée dans la presse colombienne. Selon une enquête menée par le quotidien La Silla Vacía, près de 300 mercenaires colombiens renforceraient les troupes des Forces de soutien rapide (FSR) contre l'armée soudanaise.
Ils ont été entraînés dans un camp secret à Benghazi, en Libye, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar, allié des Émirats arabes unis. 160 personnes s'y trouvent actuellement, et 40 au moins refusent d'être envoyées au Soudan.
Ces Colombiens ont été recrutés par des sociétés basées aux Émirats arabes unis avec un contrat de travail et des salaires attrayants, pour soi-disant protéger des installations pétrolières. « Mais c'est un mensonge », assure l'un des quatre témoins dont les propos ont été recueillis depuis la Libye par La Silla Vacía. « Nous sommes séquestrés », a ainsi affirmé l'un des mercenaires dans un enregistrement audio. « C'est de la traite d'êtres humains, ils nous engagent pour une chose et nous emmènent ensuite ailleurs pour en faire une autre. »
Ces hommes feraient partie d'une opération visant à renforcer les FSR avec l'aide de 1 500 à 1 800 mercenaires colombiens. Alerté, le président colombien, Gustavo Petro, a demandé « d'interdire le mercenariat en Colombie » et de punir ceux qui le promeuvent, selon la presse colombienne. Aucune réaction pour le moment de part d'Abou Dhabi ou de Benghazi.