L'auteur présumé d'un délit de fuite, qui avait entraîné la mort d'un piéton devant une discothèque à Grand-Baie en octobre 2023, a été arrêté la semaine dernière. Ce dénouement un an après les faits soulève plusieurs interrogations sur la manière dont l'affaire a été gérée avant l'arrivée du nouveau CP.
Le 1er octobre 2023, à 3 heures du matin, un drame se joue près d'une boîte de nuit à Grand-Baie. Bhavesh Bandhoo, un habitant de Bel-Air, est retrouvé inconscient, saignant abondamment du visage. Il est rapidement transporté à l'hôpital du Nord, où, malgré une longue lutte, il succombe à ses blessures cinq mois plus tard, le 6 février 2024. L'autopsie révèle une septicémie comme cause de décès, mais les circonstances exactes de l'incident demeurent floues. La police écartait la possibilité d'un foul play, privilégiant la thèse d'une chute accidentelle, soupçonnant que la victime avait fait une mauvaise chute d'un mur.
Il aura fallu attendre un an pour que cette affaire soit résolue. L'arrestation du présumé coupable d'un hit-and run coïncide avec des changements importants dans les forces de l'ordre, marqués par l'arrivée du nouveau commissaire de police (CP), Rampersad Sooroojebally. Ce dernier a entrepris des réformes, notamment la mutation de certains policiers, dont un agent, qui selon nos sources serait un proche du suspect.
Mercredi dernier, un entrepreneur de 47 ans, est arrêté et avoue avoir percuté Bhavesh Bandhoo et ne s'être pas arrêté. Selon ses déclarations, le jour de l'incident, alors qu'il conduisait sa voiture personnelle, il a dévié brusquement pour éviter un homme qui était sorti d'un buisson. L'arrière de son véhicule avait percuté la victime, qui, selon lui, était alors tombée au sol. Il dit avoir arrêté sa voiture quelques mètres plus loin et regardé dans le rétroviseur, mais n'avoir rien remarqué d'anormal. Il avait donc poursuivi son chemin.
Pourtant, à la suite du décès de Bhavesh Bandhoo, un premier coup d'oeil sur la scène, des témoignages d'habitants et les images des caméras de surveillance fournies par la boîte de nuit n'avaient pas permis d'établir de preuves claires d'un acte criminel. Les proches de la victime, eux, ne comprenaient pas comment un homme en bonne santé s'était retrouvé dans une telle situation, à cet endroit précis, sans explication.
Un an après les faits, cette arrestation et des aveux soulèvent plusieurs interrogations sur la manière dont l'affaire a été gérée par la police avant l'arrivée du CP Sooroojebally. Au départ, la police avait conclu à une chute accidentelle, sans creuser davantage. Il importe de souligner que le suspect a été localisé grâce à des images de vidéosurveillance et des recoupements d'informations. Une enquête, qui aurait pu se terminer rapidement, aurait été entravée par des zones d'ombre et des soupçons de tentative de dissimulation.
Ceux proches du dossier avaient toujours évoqué une tentative de cover-up dans cette affaire, suggérant qu'un sergent régulièrement au coeur de polémiques et proche de l'ancien CP Anil Kumar Dip pourrait être impliqué dans cette affaire. Si l'enquête a enfin permis de faire la lumière sur ce décès tragique, elle met également en lumière des dysfonctionnements qui ont perduré au sein de la police dans le passé, et soulève la question de la manière dont certaines affaires auraient pu être étouffées. Ce dénouement laisse entrevoir la possibilité que d'autres affaires similaires, restées jusque-là sans suite, puissent être résolues, offrant ainsi une lueur d'espoir aux familles des victimes dans leur quête de justice.