C'est avec une immense tristesse que la famille, les proches et la communauté de Chebel se sont réunis, hier, pour dire un dernier adieu à Élodie Kathalea Gaspard, sept ans. La fillette a été brutalement arrachée à la vie dans la nuit du vendredi 29 au samedi 30 novembre.
«Je sais que c'est difficile, vraiment dur pour nous tous. C'est comme si nous avions perdu notre propre enfant, une partie de nous-mêmes, notre propre coeur. Mais cet enfant est un petit ange. Nous devons la porter dans la prière pour que la lumière divine la guide, ainsi que nous puissions trouver un peu de réconfort. Sans Dieu, nous ne pouvons rien faire. Oui, c'est une épreuve, mais avec Dieu, tout est possible. Prions pour cet enfant, portons-la dans nos prières, que l'Esprit Saint l'accompagne et que la Vierge Marie l'accueille dans ses bras tout en veillant aussi sur sa maman», a exhorté Windy Sardine, qui a été une mère adoptive pour Kathalea et son enseignante au Centre d'éveil de Caritas à Beau-Bassin, dans un dernier hommage avant que la dépouille ne quitte Chebel pour se rendre à l'église du Saint-Sacrement à Cassis.
La famille, brisée par la douleur, portait des T-shirts ornés de sa photo, avec les mots «Repose en paix, Princesse».
«Nul n'est parfait. Moi aussi, j'ai eu des problèmes avec la justice. J'ai fait de la prison. J'ai connu la pauvreté. Pendant mon séjour en cellule, j'ai eu le temps de réfléchir. Comment quelqu'un peut-il avoir un coeur assez sombre pour commettre une telle atrocité et s'en prendre à une enfant ? Je ne vais pas prier pour le mal de ce bourreau. Je demande son pardon mais sa sentence doit être appliquée au plus vite afin qu'il paye. J'ai côtoyé cet assassin lorsque j'étais en prison. Nous étions même devenus amis», confie un oncle de Kathalea. «Zis mwa ki pe konn mo soufrans», confie en sanglots Kinsley Gaspard, le père de Kathalea.
Malgré la douleur indescriptible, les proches ont trouvé la force d'accompagner Kathalea à sa dernière demeure au cimetière de Pailles, espérant qu'elle repose désormais en paix dans un monde meilleur. Le souvenir de son sourire et sa joie de vivre contagieuse resteront à jamais gravés dans leurs coeurs. Des politiciens, dont Ehsan Juman, Roshi Badhain et Guito Lepoigneur, entre autres, étaient aussi présents aux funérailles.
Pour rappel, Kathalea, qui venait de célébrer ses sept ans le 15 novembre, a connu une fin atroce alors qu'elle passait des vacances chez sa grand-mère paternelle. Ses parents étant séparés, la petite fille séjournait chez sa grand-mère et son père à Cassis. La grand-mère a donné l'alerte à la police quand elle a découvert l'absence de la fillette. Les enquêteurs ont alors visionné les images de caméras CCTV de la région. Alan Ramborough, 32 ans, a été vu emmenant l'enfant vers le pont des Salines. La Criminal Investigation Division de Port-Louis Sud, menée par l'inspecteur Mooniaruck sous le commandement du surintendant Dussoye, a alors arrêté le trentenaire, un peintre habitant à La Butte et l'ex beau-frère du père de Kathalea. S'il a tenté de nier en évoquant des forces surnaturelles, soumis à un interrogatoire serré, il a fini par cracher le morceau. Il aurait assouvi ses pulsions sexuelles avant d'étouffer la petite. Il a ensuite conduit les enquêteurs à l'arrière du cimetière Saint-Georges, aux Salines, où le corps de Kathalea a été retrouvé dissimulé sous des feuilles. L'escouade canine de la police a aussi été mise à contribution.
Le rapport de l'autopsie, réalisée par le médecin légiste de la police, le Dr Prem Chamane, indique que la fillette a été agressée sexuellement avant de mourir étouffée. Avant son arrestation, Alan Ramborough avait été malmené par des proches de la victime et des membres du public. Se plaignant de malaise, il a été transporté à l'hôpital SSRN de Pamplemousses où il est admis sous surveillance policière. La Major Crime Investigation Team a pris le relais dans cette affaire.
Des photos troublantes du suspect sur les réseaux sociaux
Alan Ramborough, qui serait toxicomane, a déjà été condamné pour vol. En 2019, il a écopé d'une amende de Rs 5 000 pour vol alors qu'en 2020, il a été condamné à huit mois de prison pour vol avec effraction. Des photos troublantes du suspect consommant de l'alcool en compagnie de plusieurs mineurs sur son profil Facebook avaient été dénoncées sur les réseaux sociaux pour mettre en garde contre ce présumé prédateur. La ministre de l'Égalité des genres et du bien-être de la famille, Arianne Navarre-Marie, déplore que des actions n'aient pas été prises après la circulation de ces photos troublantes.
«Ce crime odieux doit tous nous interpeller sur les maux qui minent notre société»
La ministre Arianne Navarre-Marie a rendu visite à la grand-mère de Kathalea samedi après avoir appris ce drame. «Je suis profondément choquée, attristée et révoltée par ce deuxième infanticide en une semaine. Je me suis rendue à Cassis pour témoigner de ma compassion à la grand-mère d'Élodie Kathalea et lui apporter tout mon soutien et celui de mon ministère. Mes services ont également été mobilisés pour lui apporter toute l'aide nécessaire», dit la ministre et députée de la circonscription sur sa page Facebook. «La protection de l'enfance demeure une priorité absolue pour moi. C'est pourquoi, avant la fin de l'année, nous organiserons des assises nationales de l'enfance et de la famille, en étroite collaboration avec les ONG et la société civile. L'objectif est de mener une réflexion approfondie sur les moyens à mettre en oeuvre pour garantir la sécurité et le bien-être de nos enfants.»