Introduction
La République Démocratique du Congo (RDC), avec sa richesse naturelle et culturelle, possède un potentiel touristique exceptionnel qui mérite d'être exploré et valorisé. Classée parmi les pays à méga biodiversité, la RDC abrite une variété d'écosystèmes, de faune et de flore qui attirent l'attention des passionnés de nature et des chercheurs. Toutefois, malgré cette richesse inestimable, le secteur touristique congolais souffre encore de nombreuses entraves à son plein développement. Dans cette note je me propose d'examiner les atouts indéniables de la RDC en matière de tourisme ainsi que les défis auxquels elle fait face, tout en suggérant des stratégies pour transformer ce potentiel en une réalité tangible.
La richesse naturelle et culturelle de la RDC
La diversité biologique de la RDC est frappante : le pays abrite 480 espèces de mammifères, 565 espèces d'oiseaux, 350 espèces de reptiles, 220 espèces de batraciens, plus de 10 000 angiospermes, et une multitude d'autres espèces animales et végétales.
Environ 70% de son territoire est couvert de forêts, offrant ainsi un habitat riche pour de nombreuses espèces uniques, telles que le gorille des montagnes et l'okapi. Ces caractéristiques font de la RDC une destination privilégiée pour l'écotourisme, mais aussi pour d'autres formes de tourisme, telles que le tourisme culturel, avec plus de 400 groupes ethniques aux traditions variées.
Les parcs nationaux tels que le Parc National Virunga et le Parc National de la Salonga sont des trésors à explorer, et le gouvernement a récemment identifié 1142 sites touristiques intégrant la biodiversité, des réserves et parcs d'exception, son relief, sa variété climatique, sa diversité ethnique et son rayonnement culturel.
Cependant, ces atouts ne suffisent pas à eux seuls à attirer les visiteurs en raison des défis structurels et politiques qui freinent le développement du secteur.
Les défis du secteur touristique
Mais, malgré ses immenses potentialités le secteur du tourisme, qui a certes souffert des conflits armés que connaît le pays dans sa partie Est, considérée comme fleuron du tourisme congolais, peine à prendre de l'envol.
L'industrie touristique, dominée par l'hôtellerie et la restauration, contribue très peu aux richesses nationales. Sa part dans la production intérieure brute (PIB) et aux recettes de l'Etat demeure négligeable. En comparaison internationale, le tourisme génère et rapporte chaque année plus de 200 milliards de dollars américains au Trésor des États Unis, plus de 100 milliards d'Euro à la France, plus de 25 milliards de dollars américains à la Thaïlande et plus deux milliards à l'Egypte et au Kenya pour ne citer que ces pays-là.
L'industrie touristique en RDC est peu développée, alors qu'elle est florissante dans les pays voisins de la région, notamment le Kenya, la Tanzanie, l'Ouganda, et même le Rwanda dont l'entrée sur le marché touristique est récente. Le nombre de visiteurs est très faible et semble être composé essentiellement de voyageurs d'affaires régionaux, des travailleurs humanitaires internationaux et des ONG. Les attractions touristiques sont nombreuses mais non aménagées pour la plupart.
Les conflits armés, principalement dans l'Est du pays, ont largement contribué à dissuader les voyageurs internationaux. De plus, les conditions d'entrée, telles que le coût élevé des visas et des billets d'avion, constituent des obstacles significatifs.
Le manque d'infrastructures adéquates, notamment en matière de transport et d'hébergement, rend difficile l'accès aux sites touristiques. Les hôtels et lodges sont souvent insuffisants pour répondre aux besoins des touristes, limitant ainsi le flux d'arrivées. En outre, le secteur souffre d'un manque de promotion et d'une image souvent perçue comme peu accueillante, ce qui retarde encore davantage son développement.
Stratégies pour le développement touristique
Pour capitaliser sur son potentiel, la RDC doit mettre en place des stratégies ciblées. D'abord, il est crucial d'améliorer les infrastructures de transport et d'hébergement. Cela implique non seulement la construction de routes et d'aéroports, mais aussi la création d'établissements hôteliers adaptés aux différents segments de marché. Une attention particulière doit également être portée à la formation des acteurs locaux, afin de leur permettre de valoriser leur culture et de participer activement à l'accueil des touristes.
Ensuite, une stratégie de marketing touristique efficace est nécessaire. Cela peut passer par la création d'une marque nationale forte et l'utilisation des réseaux sociaux pour promouvoir les richesses naturelles et culturelles du pays. La simplification des procédures de visa et la mise en place d'incitations fiscales pour les investisseurs pourraient également encourager le développement du secteur.
Par ailleurs, la préservation de l'environnement et la durabilité doivent être des priorités. La mise en oeuvre de pratiques de tourisme responsable et l'encouragement de l'écotourisme contribueront à la protection des écosystèmes tout en sensibilisant les visiteurs à l'importance de la conservation.
Le tourisme souffre de certains handicaps qui pénalisent grandement son développement en RDC. Outre le contexte géopolitique de ces dernières années qui n'a pas favorisé l'éclosion tant attendue des activités touristiques, il y a lieu de noter que les conditions très difficiles et le coût très élevé d'obtention de visa d'entrées en RDC constituent entre autres, des véritables freins à l'émergence du tourisme. Le visa d'entrée en RDC est l'un de plus cher au monde. Il en est de même des billets d'avions ou de navires maritimes pour les destinations de la RDC qui sont très chers car fortement frappés par de multiples taxes et prélèvements.
Enfin, le tourisme demeure encore perçu comme « expérimental » dans la mesure où il est très peu développé et encadré, et les mesures du gouvernement sont de fois contradictoire comme l'atteste les régulations très restrictives et couteuses en matière de visa d'entrées, et de taxations de billets d'avions ainsi que de billetteries de sites touristiques.
Par ailleurs, le tourisme, un secteur d'exportation par essence, ne bénéficie pas des mesures promotionnelles classiques reconnues au secteur d'exportation, tels; le non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA au taux zéro ou remboursable). Tout ceci n'est pas de nature à encourager la consommation touristique ou d'attirer des investisseurs dans le secteur. Il y a lieu de repenser la tarification et la taxation dans ce secteur pour impulser son émergence.
Conclusion
Le secteur touristique de la République Démocratique du Congo présente un potentiel prometteur qui pourrait non seulement stimuler l'économie nationale, mais aussi préserver sa biodiversité et valoriser son patrimoine culturel. Toutefois, pour réaliser cette promesse, un engagement soutenu de la part des autorités, des acteurs privés et des communautés locales est indispensable.
Les défis sont nombreux, mais avec des stratégies adaptées et une vision claire, la RDC a toutes les cartes en main pour devenir une destination incontournable sur la scène touristique mondiale. La semaine touristique à Kinshasa organisée par le Ministre Didier M'pambia, dont nous félicitons l'initiative, pourrait être un tournant décisif pour amorcer ce processus et mobiliser les ressources nécessaires à cet effet. Debout congolais ! Mobilisons-nous pour le développement touristique du pays.