Mali: Les rebelles du Nord combattent désormais pour l'indépendance et subissent un premier revers

Au Mali, il y a eu d'importants changements et des morts dans le Nord pendant le week-end. Dimanche matin, 1eᣴ décembre, une opération de l'armée malienne a tué huit membres du tout nouveau Front de libération de l'Azawad (FLA). Un mouvement officiellement créé la veille, samedi 30 novembre, et qui consacre la revendication indépendantiste de la rébellion. Le FLA remplace la coalition CSP-DPA (Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad). Les groupes qui la composaient sont dissous au sein de cette nouvelle entité.

C'est une forme de clarification pour la rébellion : le FLA combat pour « la libération totale de l'Azawad » et l'instauration d'une « autorité de l'Azawad », terme désignant les régions du nord du Mali.

Après la rupture de l'accord de paix de 2015 par les autorités maliennes de transition, consacrée par l'entrée de l'armée malienne et de ses supplétifs de Wagner à Kidal il y a un peu plus d'un an, le 14 novembre 2023, les groupes armés signataires de l'accord de paix avaient repris le chemin de la rébellion. Jusqu'ici, le CSP-DPA affichait comme objectif la protection des populations civiles du Nord et l'obtention d'un « statut politique et juridique » pour ce territoire, au sein ou en dehors de l'État malien.

Revendication indépendantiste

Mais les groupes rebelles étaient traversés par diverses tendances, les indépendantistes étant les plus nombreux. En signant l'accord de paix de 2015, ces groupes avaient renoncé à l'indépendance en échange d'une décentralisation avancée des pouvoirs de l'État. Depuis la rupture de l'accord de paix, certains combattants ne cachaient pas vouloir revenir à leur idéal initial. Une revendication qui restait en sourdine, d'autres groupes armés alliés ayant toujours historiquement défendu l'intégrité du territoire malien.

Mais devant l'impossibilité de négocier quoi que ce soit avec les actuelles autorités maliennes de transition, qui considèrent ces groupes comme « terroristes » au même titre que les jihadistes d'al-Qaïda ou de l'État islamique, et face aux « massacres des civils » et « destruction des infrastructures » attribués par les rebelles aux Fama (Forces armées du Mali) et au groupe Wagner -dont certaines exactions ont été largement documentées et ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de civils-, les dirigeants du HCUA (Haut conseil pour l'unité de l'Azawad), du MNLA (Mouvement national pour la libération de l'Azawad), et des franges rebelles du MAA (Mouvement arabe de l'Azawad) et du Gatia (Groupe d'autodéfense touareg imghad et alliés) ont donc lancé une nouvelle étape : ces groupes sont dissous, et la coalition CSP-DPA disparaît au profit du mouvement FLA qui revendique désormais clairement l'indépendance de l'Azawad.

« Opération spéciale d'envergure »

Mais quelques heures à peine après son lancement, le FLA subit son premier revers face aux forces maliennes. Dimanche matin, aux environ de huit heures, plusieurs frappes de drone ciblent la localité de Tinzaouatène, à la frontière entre le Mali et l'Algérie. C'est dans cette localité, devenue ces derniers mois le nouveau bastion de la rébellion, que les dirigeants des groupes armés s'étaient réunis pendant cinq jours pour lancer leur nouveau mouvement.

Une réunion qui n'avait pas échappé aux radars de l'armée malienne : dimanche 2 décembre, dans la soirée, à la télévision d'État ORTM, l'état-major s'est félicité de cette « opération spéciale d'envergure » menée avec « succès ». L'armée confirme le bilan de huit morts, recoupé auprès de la rébellion, parmi lesquels des cadres dirigeants comme Fahad Ag Almahmoud, qui venait d'apposer sa signature sur le document portant création du FLA, pour le compte de la branche rebelle du Gatia -l'autre branche étant demeurée alliée du régime en place.

« Les révolutionnaires tombent et tomberont encore », a aussitôt réagi le porte-parole Mohamed Elmaouloud Ramadane, assurant que la détermination du FLA n'en était que renforcée. L'armée malienne indique quant à elle « poursuivre ses efforts » avec des « opérations de contrôle de zone » dans la région de Kidal.

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