Ile Maurice: Rama Sithanen place les technologies disruptives au-dessus des préoccupations bancaires courantes

2 Décembre 2024

Les banques ne sont pas immunisées contre les effets des technologies novatrices qui ne visent pas seulement une amélioration de leur mode opératoire mais peut rendre obsolète la technologie existante. Le gouverneur de la banque centrale veut d'un secteur bancaire prêt à se réinventer en permanence à la lumière des technologies disruptives avec lesquelles il lui faut apprendre à vivre.

Ce que ses plus proches collaborateurs ne sont pas parvenus à lui faire faire, c'est-à-dire, se déplacer du siège de la Banque de Maurice, où il vient d'être nommé gouverneur, pas même ses collègues de l'Association des Banques centrales africaines, dont il préside la destinée, la direction de l'ABC Banking Corporation y est parvenue jeudi dernier, 28 novembre 2024. En effet, Rama Sithanen s'est rendu au siège de l'ABC Banking Corporation Ltd, situé à la place d'Armes.

C'était dans le cadre d'une nouvelle étape de la stratégie d'engagement de cette banque de manifester son intérêt de toujours rechercher pour sa clientèle non seulement des solutions bancaires haut de gamme mais aussi de démontrer son souci que celles-ci sont en harmonie avec une période où l'émergence de nouvelles technologies forcent les opérateurs à venir de l'avant avec des produits innovants.

C'était à l'occasion du lancement de la Mastercard Platinum Credit Card et de la plateforme Infinity Rewards. La Mastercard Platinum Credit Card est une carte de crédit premium qui permet à son détenteur de jouir d'une expérience unique grâce à son association avec un programme de fidélité innovant. Les clients peuvent accumuler des points de fidélité à chaque achat et les échanger contre cadeaux, bons d'achat ou services exclusifs sur sa plate-forme Infinity Rewards. C'est ainsi que chaque tranche de Rs 100 dépensée sur la Mastercard Platinum rapporte 10 points à son détenteur. Ces points peuvent ensuite être échangés sur la plateforme contre des offres de voyage exclusives ainsi qu'une large gamme de produits allant de l'électronique au prêt-à-porter.

Si la présence de Rama Sithanen a visiblement ému les membres du conseil d'administration de l'ABC Corporation, la mine affichée par le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice a déçu ceux qui s'attendait qu'il fasse des déclarations sur des sujets qui préoccupent non seulement les directeurs de banques mais aussi toute la population, à savoir, ce que le nouveau gouverneur a à dire par rapport à la roupie qui, en dépit de nombreuses interventions du régulateur sur le marché de changes avec des devises, en particulier le dollar, continue à plier les genoux devant les principales devises avec une perte constante de sa valeur.

On attendait aussi Rama Sithanen sur notamment la politique qu'il compte adopter par rapport au taux d'intérêt directeur, qui est l'indicateur par excellence de l'orientation d'une banque centrale par rapport à sa politique monétaire ; bref, par rapport aux coûts greffés sur l'argent emprunté. Et encore sur la Mauritius Investment Corporation Ltd, une initiative à laquelle la Banque centrale a eu recours pour neutraliser tant soit peu l'impact de la pandémie de Covid-19 dans sa capacité à contrarier le développement économique, la stabilité et le fondement même du système financier mauricien. «Je n'ai pas terminé mon homework sur ces sujets. Je suis un professionnel. Je ne vais faire de déclaration qu'en présence de faits.»

L'impact de l'accélération des technologies

En adoptant une telle posture, Rama Sithanen offrait-il sur un plateau tant au monde bancaire que financier toutes les raisons pour dire qu'il est à côté de la plaque ? Il va étonner son auditoire. L'homme ne l'était nullement. Mais il manifeste son intention de ne jamais ignorer un phénomène dont le monde des affaires doit tenir compte. L'évolution accélérée des technologies qui entraînent dans leur sillage un autre phénomène, celui de l'innovation disruptive caractérisée par des technologies qui ne se contentent pas de créer des conditions pour améliorer les choses, mais imposent aussi une rupture totale avec ce qui a existé jusqu'ici pour créer les produits et services courants. Résultat : aucune entreprise, aucun organisme de surcroît, qui évolue dans le secteur financier ou monétaire ne peut survivre à long terme, sans se réinventer en permanence. Une façon de dire combien il est indispensable d'anticiper les effets des technologies disruptives sur le mode opératoire du monde des affaires...

Rama Sithanen a ainsi tenu à souligner : «Il est très clair pour moi que dans 25 ans, la banque et l'argent seront totalement différents de ce qu'ils sont aujourd'hui, qu'ils se présentent sous une forme numérique ou selon la technologie blockchain ou encore que le recours à des actifs numériques est accepté. C'est une évidence que beaucoup de ces technologies perturbatrices vont constituer un défi réel pour nous. Un phénomène qui pointe déjà son nez. Dans les pays du Nord, les gens utilisent à peine de l'argent. Ceux qui sont allés en Chine connaissent l'attitude des gens s'il vous arrive de payer en liquide.»

Des changements fondamentaux, ajoute-t-il, interviendront non seulement au niveau du paiement pour un service ou un produit, mais aussi au niveau des règlements des engagements monétaires et financiers. «Ce que nous savons aujourd'hui n'existera pas dans un avenir proche. Je pense que nous devons nous préparer en termes de l'avenir de la banque, de l'avenir de l'argent et comment nous pouvons travailler ensemble en tant que pays pour être en mesure d'anticiper l'émergence de ces défis, pour nous assurer que Maurice reste, en permanence, compétitive et à la pointe de ce qui se passe ailleurs, pour que nous restions compétitifs, efficaces et que nous puissions participer à la croissance de l'économie.»

Trois autres aspects liés directement à une posture qui veut tenir compte des situations disruptives que les technologies innovantes peuvent occasionner ont été abordés par le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice. Il s'agit de la nécessité d'exploiter les technologies disruptives pour ne garder que ce qui est bon pour Maurice et son peuple ; d'effectuer une bonne combinaison entre les technologies et leur capacité à découvrir des talents dont le pays a besoin ; de s'assurer que le secteur bancaire soit conscient de l'importance qu'il faut accorder au financement des projets susceptibles de contribuer à la promotion des valeurs d'un modèle de développement qui refuse de compromettre les droits des générations futures. Rama Sithanen n'a pas manqué de féliciter le groupe ABC Banking Corporation pour son audace à se réinventer face à ces technologies capables de rendre obsolète les technologies d'hier.

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