Au lendemain de l'annonce en conseil des ministres mercredi dernier de la levée de suspension des activités de la compagnie Base Toliara, les avis en faveur ou non fusent à Toliara.
Chaud. Les discussions continuent de plus belle, cinq jours après l'annonce en conseil des ministres de la levée de suspension des activités de la compagnie minière Base Toliara, exploitant le gisement d'ilménite de Ranobe, dans le district de Toliara II. Les pêcheurs Vezo réunis au sein de l'association « Zanadriake », ayant réfuté au début, puis accepté le projet peu avant la suspension en 2019, décident aujourd'hui de contester.
« C'est l'exploitation du littoral d'Andaboy à Toliara par la compagnie minière Base Toliara, qui est notre principale source de revenus, que nous n'acceptons pas. Pourquoi ne pas transférer leur infrastructure portuaire ailleurs ? » réagit Georges Ratovo, président de l'association Zanadriake, qui inclut des pêcheurs de quatorze fokontany à Toliara. Pour lui, Andaboy est aujourd'hui l'une des plus belles plages de Toliara et la mise en place d'infrastructures sur les lieux impacterait le tourisme. Un jeune membre de l'association, Masikoro Arivolahy, Njaka Michael, n'est pas non plus en faveur du projet et avance les risques sur l'environnement.
Le député de Toliara I, Siteny Randrianasoloniaiko, souligne sur son compte Facebook que le cahier des charges de la compagnie mentionne que près de 500 m3 d'eau par heure seront utilisés par Base Toliara et qu' « il ne resterait alors plus rien pour les générations futures ». Pour lui, il serait mieux d'implanter une usine de zone franche qui pourrait absorber trois mille emplois.
Avancer
Les membres de la plateforme des notables de Toliara, ayant toujours soutenu le projet, saluent la décision du gouvernement. « Il a été maintes fois souligné que le projet Ranobe serait bénéfique pour l'économie de Toliara. Nous réitérons aujourd'hui que seul un projet de cette envergure pourrait tirer Toliara de la pauvreté», appuie Parfait Mana de la plateforme Olobe, qui a réuni des partisans au jardin de la mer de Toliara au lendemain de l'annonce. Dans les rues fréquentées d'Ankilisoafilira, les discussions vont bon train auprès des passants qui choisissent de s'asseoir pour argumenter.
« On ne parle que de retombées économiques pour Toliara. Attendons de voir. Laissons-la travailler et on verra », dit l'un. « Je pense que ces intérêts ne seront pas palpables. Ils iront directement à l'État à Antananarivo », répond l'autre. « Il faut penser à ce qui est bien pour le peuple et non à des intérêts particuliers. Ce projet d'extraction d'ilménite de Toliara sera bénéfique pour le pays entier. Ce n'est donc pas le moment de créer des troubles auprès de la population », réagit le directeur régional des Mines Atsimo Andrefana, Ria Raonison.
À lui de préciser que l'extraction se trouve à 40 km au nord de Toliara et à 18 km à l'intérieur de la route nationale et il n'y a aucun village dans le tracé du permis. Il a également été souligné qu'aucun baobab ne serait touché sur le site d'extraction et qu'un plan de réhabilitation environnementale accompagne le projet.