Madagascar: Arts et Métiers - Inventaire mais pas de liquidation

Discussion qui revient régulièrement : un linéaire de deux kilomètres avec indéfiniment les mêmes articles en copier-coller. Un autre constat tout aussi récurrent : la déperdition du savoir-faire, avec l'exemple de l'emboîtement par tenon et mortaise remplacé par de bêtes et méchants clous. Sans parler de la négligence extrême dans la finition.

Une amertume inversement proportionnelle à l'admiration pour le travail manuel, ces hommes et ces femmes qui fabriquent quelque chose de leurs dix doigts.

C'est au détour d'un article sur la collection Al Thani (j'y reviendrai), au Musée de la Marine à Paris, que j'ai découvert le nom de Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782). Présenté comme un «véritable ingénieur», il avait présidé l'édition en 28 volumes des «Descriptions des Arts et Métiers faites ou approuvées par Messieurs de l'Académie royale des Sciences».

Parmi les nombreux «Arts et Métiers» passés en revue, «L'art de l'épinglier», paru en 1761. Aujourd'hui, 2024, nous devons encore regretter que Madagascar doive importer cet outil simple mais dont la fabrication nécessite une succession d'opérations complexes. Rien cependant qui dépasse l'entendement humain puisque d'autres nations le produisent à notre place.

Jean Laborde, qui était devenu l'ingénieur en chef du règne de Ranavalona (1828-1861), est réputé avoir abondamment utilisé l'Encyclopédie Roret qui, au XIXè siècle, avait entrepris de vulgariser certains titres de l'Académie des Sciences. Mais, auparavant, dans les années 1820-1830, les premiers missionnaires britanniques furent des évangélistes-ouvriers, dans une réelle démarche de transfert de technologies.

Papetier, cartonnier, chapelier, coordonier, coutelier, relieur, brodeur... Des Arts et des Métiers que nous risquons désormais de rechercher en vain dans nos quartiers, dans le bottin, sur Facebook.

À défaut, ces Arts et Métiers nous font (re) découvrir des mots anciens. HONGROYEUR : ouvrier qui tanne les cuirs au gros sel et à l'alun; HONGROYER : préparer le cuir à la manière dite de Hongrie ; MÉGISSIER : ouvrier qui mégit les cuirs, les peaux ; MÉGIR ou MÉGISSER : tanner et blanchir une peau, un cuir, avec une préparation à base d'alun.

Lexique arbitraire d'un amoureux de «Pelle, Peau, Leather, Leder». Matière première de la maroquinerie, encore un Art & Metiers qui s'abâtardit doucement avant de risquer une disparition complète.

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