Le Président du Faso, chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a procédé à l'inauguration officielle de la Société burkinabè de tomate (SOBTO), le samedi 30 novembre dernier. Dans un entretien accordé à Sidwaya le lundi 2 décembre 2024, le directeur général de cette usine de tomate de Bobo-Dioulasso, Didier Sanon, lève le voile sur certaines questions, notamment sur la disponibilité du concentré de tomate A'diaa, les dispositions prises pour la matière première ainsi que la qualité et la stratégie de distribution.
Le Président du Faso, chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a officiellement ouvert les portes de l'usine de tomate le samedi 30 novembre dernier. Dites-nous à quand les boîtes de conserve de tomate « A'diaa » dans les boutiques et étals ?
Nous travaillons activement de sorte à ce que le temps de l'attente ne soit pas long. Nous ambitionnons de ce fait que le lancement des premières boîtes et sachets de A'diaa a puisse être immédiat. Courant décembre 2024-janvier 2025, le concentré de tomate A'dia sera disponible pour les consommateurs. Pour ce faire, nous avons élaboré une stratégie de distribution qui part d'une centrale d'achat, aux grossistes, demi-grossistes jusqu'aux détaillants.
Quels sont les différents poids de A'diaa a mis à la disposition des consommateurs ?
Nous mettons une gamme assez diversifiée de conditionnement. Nous avons des canettes de 2 200g, de 850g, de 400g et de 70g. Nous avons également des conditionnements en sachets laminés de 60g, etc.
Qu'est-ce qui fera la différence entre le concentré de tomate A'diaa et les autres tomates de conserve déjà sur le marché ?
La particularité avec A'diaa, est que le consommateur burkinabè saura exactement ce qui est dans son plat, d'où ça vient avec tout ce qui est assurance qualité et sanitaire parce que c'est la transformation des tomates naturelles produites sur place ici au Burkina Faso contrairement aux concentrés de tomate importées dont on ignore l'origine et la contenance du produit. Nous avons l'avantage que la tomate burkinabè est naturelle et de très bonne qualité. Ce n'est pas le fruit du hasard si cette tomate est beaucoup plus prisée par les pays limitrophes. Ce qui m'amène à dire que notre pays est béni par les conditions agro-climatiques qui nous permettent d'avoir de la tomate de qualité.
L'usine pourrait-elle fonctionner à plein temps ?
L'usine doit fonctionner à plein temps. Cette usine est le fruit de l'actionnariat populaire, et l'équipe dirigeante n'a de choix que de la faire fonctionner au minimum 10 mois sur 12, sinon 12 mois sur 12. Et pour cela nous avons mis en place une stratégie d'approvisionnement en matière première (ndlr la tomate fraiche) sur laquelle nous comptons sur les coopératives de producteurs dans les différentes régions du pays avec un privilège aux producteurs de la Boucle du Mouhoun, des Cascades et des Hauts-Bassins. Mais nous irons chercher la tomate là où on peut la trouver partout au Burkina Faso. Le choix des trois régions c'est pour pouvoir planifier la campagne de production et pouvoir avoir au minimum les 100 tonnes de tomates fraiches par jour.
L'autre aspect de cette usine financée à hauteur de 80% grâce à l'actionnariat populaire, sous la coordination de l'Agence pour la promotion de l'entrepreneuriat communautaire (APEC) est l'employabilité des jeunes. Dites-nous DG, quel a été le profil de recrutement des travailleurs de la SOBTO ?
Dans le recrutement nous avons privilégié la jeunesse pour être en droite ligne avec la vision du chef de l'Etat. La première conditionnalité pour avoir un poste à l'usine était de croire au projet et de s'engager en souscrivant à APEC pour la mise oeuvre de ce projet. Cette souscription est d'abord un témoignage du postulant à la vision du président du Faso et sa contribution à la réussite du développement endogène insufflé par le gouvernement.
Mais le critère fondamental, que moi, en tant que DG, j'ai privilégié, c'est beaucoup plus l'engagement, l'attitude au travail, la personnalité, et bien d'autres critères liés au patriotisme notamment. Nous n'avons pas mis en avant les diplômes, mais plutôt les valeurs de patriotisme et d'intégrité. Les diplômes sont une chose mais l'attitude, l'engagement, le sérieux et la rigueur au travail sont toute autre chose. L'expérience aussi n'était pas un critère fondamental parce que l'essentiel des travailleurs (75%) de l'usine sont à leur premier emploi.
Qu'est-ce qui est fait pour que SOBTO ne subisse pas le même sort que SAVANA que nous avons connue dans la production de concentré de tomate de par le passé ?
Dans les années 2000 effectivement nous avons connue l'usine de tomate SAVANA qui a fait la fierté du Burkina Faso. Ses produits étaient même exportés hors du pays. Cette usine, comme bien d'autres telles que la SIFA ou les GMB, malheureusement a subi les effets des programmes d'ajustement structurel imposés aux pays africains. Ces programmes ont conduit les politiques à certains choix, notamment des choix commerciaux qui ont entrainé la fermeture de la SAVANA. Sinon la SAVANA n'a jamais connu un problème de matière première à ce que je sache, elle a simplement payé le prix de ces programmes et des choix politiques. S'inspirant de la mauvaise expérience de cette unité industrielle, la SOBTO s'est suffisamment donné les moyens pour inclure même les coopératives des producteurs dans toute décision et stratégie que nous prenons.
Et je puis vous assurer que le gouvernement ne va pas lésiner sur les moyens régaliens pour protéger cette unité qui est le fruit de la contribution des citoyens burkinabè. En tant qu'équipe dirigeante de l'usine, nous avons le devoir de mettre sur le marché le concentré de tomate de qualité irréprochable qui défie toute concurrence et compétitif en termes de prix. Si ces conditions sont remplies, les Burkinabè vont protéger leur unité industrielle en consommant ses produits dont ils sont fiers. Et c'est ensemble que nous allons réussir ce pari.