Le président américain, Joe Biden, est arrivé en visite officielle en Angola le 2 décembre, avant l'entrée en fonction de Donald Trump, le 20 janvier 2025. Ce voyage qui s'achève le 4 décembre marque un tournant important dans les relations diplomatiques et économiques entre les États-Unis et l'Afrique, en général, et l'Afrique centrale en particulier.
Le 46e président des Etats-Unis honore sa promesse de se rendre en Afrique pendant son mandat ; un voyage in extremis en Angola, censé affirmer les ambitions américaines sur le continent face à la Chine. Joe Biden, 82 ans, cédera la place à son successeur Donald Trump, le 20 janvier 2025. Ce voyage est le premier d'un président américain en Afrique depuis 2015.
Selon Frances Brown, conseillère spéciale pour les affaires africaines, cette visite s'inscrit dans une vision plus large de coopération où l'Afrique joue un rôle clé dans la résolution des grands défis mondiaux. « Les États-Unis reconnaissent l'importance du leadership africain pour relever ces défis à l'échelle mondiale. L'objectif de la visite est de promouvoir le commerce et les investissements entre les États-Unis et l'Angola », a-t-elle précisé. Le président américain a choisi l'Angola, un pays pétrolier d'Afrique centrale bordant l'Atlantique. Cette visite vise à mettre en lumière le rôle de l'Angola en tant que leader régional et à célébrer les progrès réalisés dans les relations bilatérales entre les deux nations.
Les Etats-Unis investissent dans les rails en Afrique centrale
Un point central du séjour du président américain sera le projet du corridor de Lobito, un ambitieux projet d'infrastructure destiné à améliorer la connectivité régionale en Afrique centrale. Le « Couloir de Lobito » est un gigantesque projet de voie ferrée reliant le port angolais de Lobito à la République démocratique du Congo, avec la construction d'un embranchement vers la Zambie, pour acheminer des matières premières stratégiques (cuivre, cobalt...).
En recevant fin 2023 son homologue angolais, Joao Lourenço, Joe Biden avait qualifié ce chantier - également soutenu par l'Union européenne - de « plus important investissement américain de tous les temps dans le rail africain ». Le projet du corridor de Lobito ne se limite pas à une simple ligne de transport, mais cherche également à améliorer l'accès aux services essentiels tels que l'éducation ; à faciliter les échanges commerciaux et à favoriser la connectivité numérique.
Les Etats-Unis favorables à l'autonomie des partenaires africains
« L'approche des États-Unis repose sur le principe de l'autonomie des pays partenaires, leur offrant ainsi la possibilité de prendre des décisions indépendantes sans pression », a indiqué la conseillère spéciale pour les Affaires africaines. Elle a insisté sur une stimulation d'une « compétition saine » pour attirer des investissements, tout en garantissant la souveraineté des nations concernées. Les discussions qui auront lieu au cours de la visite aborderont une série de questions importantes, y compris celles relatives à la démocratie et à la gouvernance. Le président américain a toujours affirmé l'importance d'un engagement continu en faveur des principes démocratiques. Les deux pays ont souligné la nécessité d'une coopération véritable et transparente pour garantir le succès des investissements.
La question de la dette et de la Chine
Le président américain affirmera les ambitions de Washington face à Pékin. Les gouvernements africains sont en demande « d'alternatives » aux pharaoniques investissements chinois, surtout si ces derniers ont pour conséquence que « les États se retrouvent avec une dette écrasante » envers Pékin, a assuré un haut responsable américain. L'argument devrait porter : l'Angola est endettée à hauteur de 17 milliards de dollars auprès de la Chine, soit 40 % du total de sa dette.
Pour le président angolais, cette visite serait comme « réaliser un rêve, être celui qui fait venir pour la première fois un président américain » dans l'ancienne colonie portugaise, qui s'était alliée à l'Union soviétique pendant la guerre froide, juge Cesaltina Abreu, sociologue à l'université catholique d'Angola. Joao Lourenço cherche à diversifier les partenariats de son pays, au-delà de la Chine et de la Russie. Pour la chercheuse, reste à voir si la tentative de reconquête américaine va se poursuivre. « Si Trump s'intéresse autant à l'Afrique et à l'Angola que pendant son premier mandat, il y aura un recul par rapport aux programmes lancés par Biden », a-t- elle estimé.
À Luanda, le président américain s'entretiendra avec son homologue angolais et prononcera un discours. Washington promet des annonces en matière de santé, d'agriculture, de coopération militaire et de préservation du patrimoine culturel.