La Cour de Cassation a convoqué plusieurs témoins au cours de l'audience de lundi 2 décembre 2024, dans l'affaire opposant le Ministère Public aux prévenus François Rubota et Mike Kasenga. Ces derniers sont accusés de détournement de fonds destinés à la construction de forages et à l'installation de lampadaires dans le pays. L'audience a révélé des éléments préoccupants concernant la gestion des fonds alloués à ces projets.
Parmi les témoins entendus, on compte notamment, Muhindo Nzangi, actuel Ministre d'Etat, Ministre du Développement Rural, et Jules Alingete, Inspecteur Général des Finances qui s'est fait représenter. Alors que tous les témoins étaient présents, Nicolas Kazadi a demandé à être excusé pour des raisons de santé, sollicitant le report de son audition au 9 décembre 2024 par l'intermédiaire de son avocat.
L'audience a mis en lumière des accusations graves de surfacturation. Le Ministre Muhindo Nzangi a déclaré que les montants facturés pour la construction des forages étaient dix fois supérieurs à la normale. « On ne peut pas accepter d'exécuter un contrat qui est facturé dix fois plus cher que la normale. On sait combien payer un forage. On ne peut pas continuer à accepter d'exécuter un tel contrat, » a-t-il affirmé, indiquant que cette situation était inacceptable et qu'il était urgent de mettre fin à de telles pratiques.
Et de rajouter : "Je crois qu'il s'agit de la gestion rationnelle de la chose publique. 71 millions de dollars américain pris par un investisseur pour exécuter un travail que jusqu'à présent, les rapports démontrent que le seuil de 4 millions n'a pas été franchi".
Les révélations du Ministre d'Etat en charge du Développement Rural ne se sont pas limitées qu'à des considérations financières. Il a également évoqué des lacunes techniques dans l'exécution des projets notamment, la mauvaise qualité de l'eau fournie par les forages. Selon son témoignage, certains forages ont été construits à proximité de fosses septiques, exposant ainsi la population à des risques de contamination. Ces révélations alimentent les inquiétudes quant à l'intégrité et à la sécurité des projets financés par l'État.
En réponse, Mike Kasenga, Directeur Général de l'entreprise « Stever Construct », a fermement nié les accusations portées contre lui. Il a soutenu que son entreprise avait respecté toutes les clauses du contrat concernant le déversement de l'eau. »Je suis très étonné des propos tenus par le Ministre Muhindo Nzangi qui, lors de son passage dans la province de la Mongala, avait demandé à mon représentant à Lisala de lui faire rapport. Il était prévu 17 sites. 5 sites sont déjà terminés. Les laboratoires ont certifié la qualité de l'eau desservie. Le rapport de l'Office Congolais de Contrôle (OCC) existe. En plus de cela, nous avons une ligne de traitement d'eau qui traite même l'eau la plus nocive », a-t-il déclaré, tout en soulignant que des laboratoires avaient certifié la qualité de l'eau fournie.
Cette controverse met en lumière un problème plus large de gouvernance et de transparence des fonds publics en RDC. Les témoignages entendus lors de l'audience révèlent un système où les abus et les irrégularités semblent prospérer, au détriment des communautés locales. Le rôle du ministère du Développement rural est également remis en question, notamment en ce qui concerne la supervision et l'évaluation des projets.