Rabat — La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, a appelé, mercredi à Rabat, à une action collective pour améliorer le financement durable du développement en Afrique et libérer le potentiel de croissance du continent.
"L'essor tant attendu de notre continent dépend fortement de la capacité de nos pays à accéder aux financements nécessaires pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de l'Agenda 2063 de l'Union africaine", a dit Mme Fattah à l'ouverture des travaux de la 5ème édition de l'Africa Investment Forum (AIF).
Pour la ministre, il serait judicieux que les institutions financières internationales puissent renforcer leur collaboration pour mobiliser davantage de capitaux privés, en complément des ressources publiques, afin de fournir un financement plus conséquent au profit des économies africaines.
"Certes, des efforts louables ont été investis par les Banques multilatérales de développement (BMD) en vue d'attirer davantage de capitaux privés, mais force est de constater que nous avons encore du chemin à faire pour permettre au secteur privé de jouer pleinement son rôle dans la réduction du déficit de financement des Objectifs de développement durable", a fait remarquer Mme Fettah.
Selon elle, les partenaires au développement devraient intensifier leur accompagnement des réformes structurelles menées à l'échelle nationale par les gouvernements africains, notamment, en ce qui concerne le renforcement des capacités de planification et de préparation de projets bien conçus et financièrement viables.
"Ces réformes devraient être accompagnées par des mesures visant la consolidation des fondamentaux macroéconomiques et l'amélioration de l'environnement des affaires, ce qui permettrait, à terme, de modifier la perception du risque et défaire les préjugés historiques sur l'Afrique afin que le potentiel des financements mobilisables auprès des acteurs privés soit pleinement exploité", a préconisé la ministre.
Et de noter que les acteurs mondiaux de la coopération internationale devraient explorer collectivement la possibilité de mise en place d'un filet mondial de sécurité financière plus efficace qui permettrait un accès rapide et automatique aux liquidités tout en contribuant à faire baisser les primes de risque d'investissement, à l'heure où des consensus sur les effets escomptés de la réforme de l'architecture financière mondiale commencent progressivement à s'établir.
En outre, Mme Fettah a jugé primordial d'accorder une attention particulière aux besoins de financement des pays africains à revenu intermédiaire de par le rôle primordial que pourraient jouer ces pays comme pôles de croissance sous-régionaux.
"Aujourd'hui, plus que jamais, les partenaires au développement devraient renforcer leur collaboration stratégique et travailler davantage en tant que système pour plus d'impacts face aux défis croissants auxquels sont confrontés les pays africains, tels que l'augmentation des risques d'endettement, les niveaux élevés de chômage, en particulier chez les jeunes, l'accès à l'énergie, l'insécurité alimentaire, le changement climatique et la menace de futures crises sanitaires", a-t-elle soutenu, estimant que le développement des partenariats doit être placé au coeur des politiques à long terme des BMD en vue de pouvoir mener des projets d'envergures plus porteurs de transformation.
Dans ce sens, elle a affirmé que l'Africa Investment Forum 2024 est un moment privilégié pour "enrichir notre réflexion commune et explorer des solutions innovantes aux défis persistants, tout en renforçant les partenariats nécessaires pour concrétiser nos aspirations", réitérant l'appui du gouvernement du Maroc à l'AIF, ainsi qu'à tous les efforts de la communauté internationale visant à concrétiser les ambitions de développement et d'émergence du continent africain, conformément à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour une Afrique prospère et libérée de ses pesanteurs.
La séance d'ouverture a été marquée par la présence du Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Président honoraire de la Banque africaine de développement (BAD), Omar Kabbaj, la ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah et du président de la BAD, Akinwumi Adesina.
Placé sous le thème "Tirer parti de partenariats innovants pour passer à l'échelle supérieure", ce 5ème Africa Investment Forum se positionne comme plateforme incontournable qui ouvre la voie à des investissements stratégiques soutenant la transformation économique de l'Afrique et fournit un accès direct à des opportunités de transactions à travers le continent.
Depuis son lancement en 2018, l'AIF a suscité près de 180 milliards de dollars d'intérêts d'investissement pour des projets d'envergures dans les secteurs de l'énergie, des infrastructures, de la santé et de l'agriculture, renforçant ainsi son statut de principale plateforme d'investissement en Afrique pour les investisseurs mondiaux.