Congo-Kinshasa: Séparation des filles métisses de leurs mères congolaises - L'Etat belge condamné pour crime contre l'humanité

La Cour d'Appel de Bruxelles a rendu un verdict historique lundi 2 décembre 2024, en condamnant l'Etat belge pour crimes contre l'humanité. Cette décision fait suite à une plainte déposée contre lui en 2020, par 5 femmes métisses : Simone Ngalula, Monique Bitu Bingi, Léa Tavares Mujinga, Noëlle Verbeken et Marie-José Loshi. Elles ont accusé la Belgique de les avoir placés par force dans des institutions religieuses, pendant leur enfance, au cours de la période coloniale en RDC, avant l'indépendance de 1960.

Entre 1945 et 1950, cinq femmes métisses, nées de relations entre des hommes blancs et des femmes noires dans l'ex-colonie belge, ont été retirées de force à leurs familles maternelles. Ces enfants, âgées de deux à quatre ans, ont été placées dans des institutions religieuses où elles ont subi de mauvais traitements.

La Cour d'Appel a jugé que ces enlèvements constituaient des actes inhumains et de persécution, qualifiés de crimes contre l'humanité selon les principes de droit international reconnus par le Statut du Tribunal de Nuremberg. Cette décision renverse un jugement de première instance de 2021, affirmant que les faits ne sont pas prescrits et que l'État belge doit indemniser les plaignantes pour le préjudice moral subi.

Ce procès est le premier en Belgique à mettre en lumière le sort réservé aux métis nés dans les anciennes colonies belges, soit au Congo, au Rwanda, et au Burundi. La plupart de ces enfants n'étaient pas reconnus par leur père et étaient exclus tant des communautés blanches qu'africaines. La Cour a souligné que ces enlèvements systématiques étaient basés sur l'origine raciale des enfants, ce qui les rendait particulièrement vulnérables.

L'avocate des plaignantes, Michèle Hirsch, a salué cette décision comme une victoire totale, soulignant l'importance de cette reconnaissance pour les victimes et pour l'histoire coloniale belge. Les cinq femmes, désormais septuagénaires, recevront chacune une indemnisation de 50 000 euros.

Cette condamnation marque un tournant dans la reconnaissance des crimes coloniaux et ouvre la voie à une réflexion plus profonde sur les injustices passées et leurs répercussions actuelles.

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