Les Madgermans, un groupe de Mozambicains partis travailler en Allemagne de l'Est dans les années 80, sont devenus l'une des figures de la contestation au Mozambique. Ce terme, contraction de « Made in Germany », désigne ces travailleurs qui ont envoyé les deux tiers de leurs salaires pour soutenir le jeune État mozambicain, alors dirigé par le Frelimo, parti communiste de Samora Machel. À leur retour, ils découvrent que le responsable politique est mort et que l'argent qu'ils avaient envoyé s'est envolé. Depuis plus de trente ans, ils manifestent chaque mercredi pour dénoncer le Frelimo. Aujourd'hui, ils se joignent au mouvement de contestation post-électoral, porté par la jeunesse.
Dans un parc, en plein coeur de Maputo, désormais baptisé « le parc des Madgermans », Osvaldo prépare une pancarte. Depuis son retour de Dresde, dans l'est de l'Allemagne, il lutte contre le Frelimo : « Les manifestations de la jeunesse aujourd'hui sont les mêmes que les nôtres. Nous avons tous souffert d'une dictature qui nous a volé nos droits. Clairement, un jour, ce que nous avons commencé, sera terminé. »
Manuel, quant à lui, a été soudeur pendant quatre ans à Leipzig. Durant ses années en Allemagne, il croyait à l'idéal communiste prôné par Samora Machel. Mais à son retour, il se sentit trahi par le Frelimo : « Le peuple mozambicain ouvre enfin les yeux. Et aujourd'hui, il nous donne raison. Le Frelimo vole. Nous souffrons tous d'une maladie très dangereuse : la frustration. Les jeunes viennent nous voir. Tu es jeune, tu as une femme, des enfants, mais pas de futur. Pas de travail. Le Frelimo a vendu toutes les entreprises publiques, comme la brasserie nationale... des entreprises qui produisaient pour le peuple. Tout a été vendu. »
Aujourd'hui, une passerelle générationnelle se forme, fondée sur le rejet du parti au pouvoir depuis l'indépendance.
Micas, un Madgerman de 61 ans, se réjouit de l'engagement des jeunes : « Du Frelimo, nous n'attendons rien. Les Mozambicains doivent aller de l'avant. Nous sommes aux côtés des jeunes dans la contestation. Nous allons avancer. Cette lutte touche tous les Mozambicains. Nous en faisons partie. »
La nouvelle phase de protestation, lancée par le candidat de l'opposition à la présidentielle, Venancio Mondlane, doit durer toute la