Depuis trois semaines, un réseau de trafiquants d'êtres humains, reliant Madagascar à la Chine, a été démasqué. Il gagne jusqu'à 25 millions d'ariary pour chaque femme vendue.
Entre 10 et 25 millions d'ariary. C'est à ce prix qu'une femme malgache est vendue en Chine par un réseau criminel démantelé par la gendarmerie de l'aéroport d'Ivato, depuis trois semaines. L'ambassade de Chine et le Bureau national de lutte contre la traite des êtres humains de la Primature ont assisté les gendarmes.
Cinq femmes soupçonnées de faire partie de ce réseau de trafiquants ont été interpellées successivement et placées en détention préventive à Antanimora. Certaines travaillent dans un centre d'octroi de visa et une occupe un poste de haute responsabilité. D'autres agissent comme recruteuses et piègent des femmes.
Deux autres femmes, résidant en Chine, participent également à ce crime odieux. Leur mandat d'arrêt international sera bientôt émis. Elles ont pour rôle d'accueillir les victimes à leur arrivée en Chine, de prospecter des clients et d'organiser leur vente.
Les révélations d'anciennes victimes du réseau ont permis de mettre en lumière cette traite humaine. De nombreuses femmes ont déjà été envoyées en Chine par ce groupe criminel. À leur retour au pays, elles ont contacté en message privé la Circonscription interrégionale de la Gendarmerie nationale d'Antananarivo.
Agressions
Selon leurs témoignages, elles ont été envoyées en Chine où elles ont été contraintes de se marier avec des hommes âgés.
«Une femme est forcée d'avoir de nombreux partenaires», rapportent-elles. Elles ont subi des agressions sexuelles, des violences physiques et morales. Leurs passeports ont été confisqués, les privant de toute sortie. Elles n'ont pas pu utiliser de téléphone et n'ont pu communiquer ni avec leurs parents ni avec d'autres personnes, que ce soit en Chine ou à Madagascar. Certaines d'entre elles ont enduré tant de souffrances qu'elles n'ont pas survécu.
Pendant leur recrutement, le réseau, qu'elles ignoraient au départ, leur avait promis des mariages avec des étrangers. En réalité, elles ont été vendues entre 10 et 25 millions d'ariary sans en être conscientes. Les trafiquants ont ensuite exigé de l'argent à leurs parents, leur jurant que leurs filles allaient épouser des hommes riches, qu'elles seraient heureuses et que les dépenses engagées n'étaient rien comparées aux gains que leurs filles allaient réaliser.
Les témoins ont dénoncé le prochain plan du même réseau, qui a tenté d'envoyer sept femmes en Chine via l'aéroport international de Nosy Be. Pour une raison non précisée, ces passagères n'ont pas pu s'envoler. Deux d'entre elles ont alors été conduites à l'aéroport international d'Ivato, où elles ont été interceptées avec leurs accompagnatrices. Leurs cinq amies à Nosy Be y sont restées.
À la suite de l'enquête des premières suspectes arrêtées, le parquet a délivré une délégation judiciaire, le 15 novembre, pour poursuivre l'investigation, ce qui a conduit à de nouvelles interpellations. Au total, cinq membres du réseau de trafiquants d'êtres humains ont été incarcérés.