L'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) s'engage activement dans la recherche de solutions novatrices pour relever les défis liés à la sécurité alimentaire. À cet effet, une séance académique s'est tenue le mercredi 27 novembre 2024, sous le thème : « L'agriculture du futur : un condensé de défis scientifiques ».
Face à une population mondiale en constante augmentation, des défis alimentaires pressants se posent, nécessitant des réponses scientifiques urgentes et adaptées. C'est dans cette optique que l'Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal (ANSTS) a organisé une séance académique dédiée à l'agriculture du futur, s'inscrivant dans une dynamique de réflexion également adoptée par de nombreuses académies nationales à travers le monde. Cette initiative vise à élaborer des solutions intelligentes pour relever les défis croissants de la sécurité alimentaire.
Lors de cet événement, le professeur Mohamed Ait Kadi, membre de l'Académie Hassan II des sciences et techniques, est intervenu par visioconférence. Il a souligné que l'agriculture du futur devra répondre à trois enjeux majeurs : fournir, en quantité et en qualité, de quoi nourrir plus de neuf milliards d'individus d'ici à 2050, tout en respectant l'environnement et les ressources naturelles ; contribuer à l'atténuation des effets du changement climatique et s'y adapter ; offrir des matières premières pour des usages énergétiques, chimiques ou pour de nouveaux matériaux, en exploitant pleinement la biomasse.
La simultanéité de ces défis impose des transformations profondes dans la manière de concevoir l'agriculture. Le professeur Kadi, également membre du Comité d'orientation de l'Institut Royal des Études Stratégiques (IRES), a insisté sur la nécessité d'intégrer diverses dynamiques dans cette réflexion : les évolutions démographiques et urbaines, les changements climatiques, la disponibilité énergétique, le développement de la bio-économie, ainsi que les priorités socio-politiques émergentes.
Selon lui, la science et la technologie doivent être au coeur des réponses à ces évolutions. Dans un contexte marqué par des mutations agricoles permanentes, la mondialisation des marchés et la modernisation des exploitations, des facteurs comme la productivité, la traçabilité et le respect de l'environnement sont aujourd'hui les moteurs principaux de l'innovation agricole, ou Agritech.
Le professeur Kadi a salué les progrès scientifiques et technologiques réalisés au cours des deux dernières décennies, notamment en génomique structurale et fonctionnelle, en biotechnologie, en analyse de la diversité génétique et en modélisation des écosystèmes végétaux. Ces avancées, fruits d'une réelle synergie interdisciplinaire entre la biologie, la chimie, les mathématiques et la physique, ont permis de générer de nouvelles connaissances et techniques agronomiques, ainsi que des produits alimentaires inédits. Par ailleurs, grâce à l'intégration des technologies de l'information, de la communication et de l'intelligence artificielle, l'agriculture entre dans une ère numérique, souvent désignée comme l'agriculture de précision ou agriculture 3.0.
Le mathématicien Diaraf Seck, professeur titulaire de classe exceptionnelle à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a pour sa part mis en lumière le rôle central des mathématiques dans la recherche de solutions pour l'agriculture du futur. Selon lui, les mathématiques constituent un langage permettant de « faire parler les objets qui nous entourent ». Elles offrent des outils et des méthodes indispensables pour poser des problématiques complexes et y apporter des réponses pertinentes. Il a ainsi affirmé que « face aux défis de la sécurité alimentaire, les mathématiciens ont un rôle clé à jouer en apportant des solutions innovantes ».