Dans le cadre de la 548e édition du Nguon deux jours plus tôt, cette élite et notable des chefs du département du Ndé, par ailleurs petit-fils Bamoun, a offert le 30 novembre dernier au palais, chaises, équipements médicaux et machines à coudre.
Sultanat Bamoun. L'esplanade grouille de monde. L'on entend au loin le son aigu des virtuoses de la flûte sahélienne. Des percussionnistes font résonner des tambours qu'ils attachent autour des reins. De jeunes cavaliers par leurs prouesses, impressionnent avec un spectacle équestre offert à près de 2000 personnes présentes. Des griots subliment le sultan roi des Bamoun, Nfonrifoum Mbombo Njoya Mouhamed Nabil, en le couvrant de louanges.
Sous les arbres à l'aile gauche du palais, sont empilées plus de 200 chaises plastiques de cérémonies, des équipements médicaux, notamment le matériel de rééducation ; un fauteuil royal et des machines à coudre. Aux pas de majesté, le sultan sous un parasol en tissu brillant or, arrive et de part et d'autre de lui, une marée humaine qui déferle au palais. Une haie de protection l'entoure devant son trône. Elle ne s'ouvre que quand il s'est assis. L'on entend des coups de fusil retentir dans la cour ; et un nuage de fumée à l'odeur de poudre à canon s'empare des lieux.
Cette ambiance empreinte de solennité plante le décor de deux articulations de la cérémonie : le lancement traditionnel officiel du Nguon coïncidant avec le retour du roi de la prière traditionnelle de vendredi à la grande mosquée du palais ; mais aussi pour célébrer un homme : Prince Théophile Kwendjeu débarqué de Foumban avec sa gibecière remplie de dons.
Des groupes de dignitaires et notabilités à différents grades et prérogatives doivent défiler devant le sultan. Dans une chorégraphie synchronisée, ils avancent en chantant à tue-tête, arborant sabres et épées, faisant des mouvements de guerriers, s'accroupissant et posant au même moment la main droite au sol, signe d'allégeance au roi majestueusement installé à l'entrée du palais. Le monarque a passé près d'une heure d'horloge à les recevoir à tour de rôle, poussant un sourire, hochant la tête et parfois saluant de sa main, une manière de leur rendre la pareille. Ceci marque le lancement symbolique du Nguon 2024.
Couvert de la tête au pied, l'on ne voyant qu'une partie de son visage, le roi reçoit Prince Théophile Kwendjeu, ce « digne petit-fils bamoun », qui s'est incliné à sa droite. Le sultan et son hôte ont discuté pendant près de 30 minutes. Rien n'a filtré de ces échanges ; mais des notabilités disent que le roi a bien parlé. D'après des indiscrétions, le roi aurait dit à son petit-fils de présenter solennellement en précisant la nature de son don. Après cette brève présentation, le roi est descendu l'encourager et le féliciter, non sans l'exhorter à continuer sur la même lancée.
Prince Théophile Kwendjeu indique les chaises de cérémonies c'est pour marquer le fait qu'il ne se passe pas un jour sans qu'il y est un événement au palais, les machines sont destinées à l'association de la reine mère. Des dignitaires de la cour royale ne lui donnent pas de répit à Prince. Au cours des interminables échanges à huis clos, ils félicitent et encouragent le donateur, ne tarissent pas d'éloges à son endroit. D'aucuns le qualifient de « donateur efficace ».
Il est environ 18 heures au coucher du soleil. La cérémonie finit sous de bons auspices. Prince Théophile Kwendjeu rassurant les Bamouns encore à ses côtés qu'il ne s'arrêtera pas en si bon chemin.