À Madagascar, les électeurs sont invités à élire leurs futurs maires et conseillers municipaux mercredi 11 décembre. Et il est encore possible d'être inscrits sur les listes électorales afin de voter le jour J ... à condition de se munir d'une ordonnance spéciale délivrée par le tribunal de Première instance. La mesure est dédiée à inclure les voix des retardataires pour ce vote de proximité. Mais l'opposition redoute une porte ouverte aux fraudes
À Madagascar, les citoyens en âge de voter n'ont plus que quelques heures, ce mercredi 4 décembre, pour se presser aux portes des tribunaux de Première instance, seul moyen légal de voir leur nom finalement figurer sur les listes électorales. Cette sorte de dérogation, prévue par la loi, autorise la Céni, la Commission électorale nationale indépendante, à rouvrir partiellement les listes gelées depuis le 15 mai, date de fin de la période de la révision électorale annuelle.
À une semaine d'une élection qui n'avait poussé, en 2019, que 41 % des électeurs à voter pour leur futur maire, « tous les moyens sont bons » pour augmenter ce taux, nous explique Hubert Fanahimanana, directeur de cabinet du président de la Céni. « Si pour une raison ou une autre, au moment du recensement électoral, la personne était absente parce qu'elle était dans les champs ou partie au travail, cette personne a le droit se de se faire inscrire. Ces personnes sont très nombreuses à demander des ordonnances auprès des tribunaux ».
La Céni affiche une mesure inclusive et légale prévue par l'article 42 de la loi organique de 2018 sur le régime général des élections. L'opposition, elle, par la voix de l'ancien président Marc Ravalomanana notamment, s'inquiète d'un risque de fraudes depuis plusieurs semaines. Elle redoute que l'administration soit utilisée pour gonfler les listes électorales au profit de candidats du pouvoir, et ce par des voix acquises d'avance en échange de récompenses distribuées par le parti présidentiel.
Une version fermement démentie par Hubert Fanahimanana. « Il ne faut pas toujours [prétendre à l'existence d'un] complot, car cette mesure est ouverte à tous les partis politiques. Eux aussi [les partis d'opposition] ont le droit et la chance de faire inscrire leurs sympathisants. La Céni et les tribunaux n'ont pas l'occasion de connaître l'orientation politique des individus. C'est en toute neutralité que nous travaillons sur l'inscription par voie d'ordonnance. »
Le 11 décembre prochain, chaque voix comptera. À Antananarivo, en 2019, lors des dernières élections municipales, quelques milliers de votes seulement avaient séparé le principal candidat d'opposition de celui du parti présidentiel, finalement donné vainqueur.