Les sites de la 15ème Biennale de l'art africain contemporain de Dakar (Dak'art 2024), dont le Musée des civilisations noires et l'ancien palais de justice du Cap Manuel, attirent un nombreux public dakarois composé surtout de Sénégalais mais aussi de visiteurs de diverses nationalités.
Enfants, jeunes et vieux, tous se donnent rendez-vous chaque soir sur les sites emblématiques du Dak'art 2024.
Certains viennent de départements de la région de Dakar éloignés, comme Rufisque, pour visiter les oeuvres exposées dans ces lieux accueillant des activités de la biennale à Dakar-Plateau notamment.
Par exemple, au Musée des civilisations noires, en particulier au pavillon Sénégal, tout le décor est conçu de manière à accrocher le public.
De la tapisserie du peintre Manel Ndoye, lauréat du prix de la ville de Dakar, en passant par la statue de perlage "Ayda Suka" de l'artiste Oulimata Touré, ou encore la fresque de l'artiste Sadio Diallo, tout y est fait pour permettre au visiteur d'entrer en contact direct avec le monde des arts.
Penda Racine Kâ, étudiante à l'Institut de formation en administration et création d'entreprise de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (IFACE-UCAD), trouve "instructives et magnifiques" les oeuvres exposées qu'elle a eues l'opportunité de visiter.
Assise à même le sol sous le tableau "Avion", de l'artiste sénégalais Sambou Diouf, Penda Racine Kâ effectue sa visite en compagnie de ses deux camarades.
Elles semblent littéralement toutes tombées sous le charme des tableaux des artistes participant à la biennale, qu'elles qualifient tous d"'incroyables".
Pour sa première visite au Dak'art, cette adolescente est subjuguée par les oeuvres des artistes internationaux des deux pays invités d'honneur de la manifestation culturelle : les Etats-Unis et le Cap Vert.
"La biennale est une belle initiative. Moi particulièrement, c'est la première fois que je visite [le Dak'art] et c'est juste incroyable, c'est merveilleux. On apprend plein de chose à travers l'art", lance-t-elle dans un large sourire.
Portable posé sur son sac, Diarra Niang se filme en train de danser, un numéro qu'elle explique par le fait que les oeuvres d'arts lui parlent.
"Ces oeuvres me parlent. Je suis très enthousiaste de me retrouver ici. C'est aussi ma première fois de visiter la biennale de Dakar. J'ai été attirée par un tableau dans lequel des couvercles ont été utilisés pour créer un bonhomme. Je pense que c'était un tableau américain ou capverdien, je ne sais plus", lance t-elle, tout excitée.
Trouvé en face de la "Portée culturelle", une tapisserie de 5 mètres ayant permis au peintre sénégalais, Manel Ndoye, de gagner un prix, Babacar Junior Ndour, un jeune venu de Rufisque, est lui aussi ravi par ce qu'il vient de voir.
Assis sur un banc au pavillon Sénégal, cet étudiant qui vient à peine de décrocher son bac, se dit impressionné par le talent des artistes de la biennale.
"Ces oeuvres sont très remarquables. En les observant, l'on a l'impression qu'il y a un message caché que les artistes vous poussent à découvrir", lâche-t-il, en fixant une tapisserie.
A l'en croire, ces oeuvres demeurent non seulement "intrigantes", mais sont aussi "significatives et poussent à aller en profondeur".
Gabriel Eric Coly, un étudiant de l'Ecole des beaux-arts de Dakar, souligne quant à lui l'importance des échanges culturels entre le Sénégal et les autres nations.
Pour lui, "c'est un réel plaisir de voir qu'à travers l'art, les gens peuvent voyager et aller à la découverte de plusieurs horizons et des cultures différentes".
L'artiste en herbe indique que sa visite, lui permet de découvrir non seulement des nouvelles techniques et formes de vision, mais également d'enrichir son bagage en tant qu'artiste.
Des visiteurs impressionnés par les oeuvres d'art
A l'ancien palais de justice du Cap Manuel sont exposées les oeuvres des artistes sélectionnés dans l'exposition internationale ou IN.
Dès l'entrée, l'on aperçoit aussitôt les va-et-vient des visiteurs. A l'intérieur du palais, dans la cour menant vers les salles d'exposition et de "talk show", sont dressées des oeuvres gigantesques en métal, en fer ou encore de grands tableaux de plus de cinq mètres.
De "Albourah troto", une ambulance hippomobile multifonction du designer sénégalais Bassirou Wade, au fauteuil en pouf du Marocain Younes Duret, en passant par le concept des cellules séparées de l'artiste Nigériane et Britanique, Ifeanyi Oganwu, le visiteur ne peut rester indifférent.
De nationalité gabonaise, l'étudiante Emmanuelle affirme que la biennale est une opportunité pour elle de venir découvrir des oeuvres artistiques.
Résidant à Dakar depuis cinq ans, elle souhaite voir ce genre d'initiative être dupliqué dans plusieurs pays africains, notamment au Gabon.
"Il y a des choses qu'on ne connaît pas. On vient, on apprend et on découvre aussi certains artistes de différents pays. Ce qui m'a vraiment captivée, c'étaient les tenues africaines. C'était vraiment beau le détail des tenues. C'était vraiment joli", précise-t-elle faisant allusion au clin d'oeil fait à la mode dans la section design.
De taille élancée, Samir est un ressortissant libanais qui est né et a grandi à Dakar. Il estime que le Dak'Art est le meilleur espace pour "s'évader".
"Je ne suis pas vraiment un amateur d'art. Le seul endroit où je peux peut-être chercher à prendre mon temps et peut-être comprendre quelque chose, c'est l'ancien palais de justice, à travers la biennale", explique-t-il.
Trouvé derrière la grande cour du palais où sont logées certaines oeuvres des designers sénégalais, Samir pense que la biennale est une grande opportunité pour mettre les oeuvres des artistes du pays, en "valeur".
Vêtu d'un tee-shirt et d'un pantalon marron, François Diatta, étudiant à l'Ecole polytechnique de l'UCAD, déclare être impressionné par l'oeuvre d'art "Vent des plumes", du designer camerounais, Serge Mouangue.
"Il y a une oeuvre là-bas derrière qui est sous forme de plumes d'Autriche. Cela me parle. Lorsque je l'ai vu, j'avais l'impression de voir des plumes d'anges", lance-t-il, en riant aux éclats, avant de rejoindre ses camarades.