Ile Maurice: La BoM déclare la guerre au blanchiment d'argent

5 Décembre 2024

Les nouveaux billets de Rs 100, Rs 200 et Rs 1 000 qui entreront en circulation sont une tentative d'inverser la tendance qui est générée par l'économie parallèle, reconnaît-on dans les milieux proches de la Banque de Maurice (BoM). Ce n'est pas une «démonétisation» comme l'Inde avait connu en 2016, «puisqu'aucun billet ne sera remplacé ; aucun nouveau membre ne sera introduit dans la famille de billets existants», ajoute-t-on. C'est la technologie qui change car tout basculera vers le polymère. Au niveau de la Banque centrale, l'on fait ressortir qu'un nombre croissant de faux billets de Rs 2 000 serait en circula- tion depuis quelque temps.

Autrefois, les dispositifs de sécurité des billets de banque étaient conçus de manière à n'être connus que des autorités émettrices. Face à l'essor des contrefaçons, ces dispositifs ont considérablement évolué, intégrant des technologies avancées comme les détecteurs UV. Toutefois, dans un contexte où la contrefaçon est facilitée par l'accès généralisé à des outils numériques sophistiqués, il est peu réaliste d'attendre que les citoyens possèdent de tels équipements en permanence.

Depuis plus d'une décennie, des dispositifs de sécurité très avancés, à la fois coûteux et difficiles à reproduire, sont disponibles aux autorités émettrices. Ces innovations permettent une vérification visuelle simple, sans recours à des équipements encombrants. Par exemple, certains billets intègrent des fenêtres transparentes, avec des images holographiques impossibles à contrefaire à faible coût. En inclinant un tel billet, des motifs brillants ou des variations de couleur apparaissent, rendant toute imitation évidente.

Faut-il retirer le billet de Rs 2 000 ?

Le billet de Rs 2 000 est le plus fréquemment contrefait. Certains suggèrent qu'il devrait être retiré de la circulation. Mais cela mettrait-il fin à la contrefaçon ? Peu probable. Si ce billet disparaît, le billet de Rs 1 000 pourrait devenir la nouvelle cible des faussaires. Pour limiter les risques, les autorités doivent rendre la contrefaçon coûteuse et complexe. Les billets doivent intégrer des dispositifs de sécurité si avancés que leur reproduction devient quasi impossible, réduisant ainsi les gains potentiels des faussaires.

Introduit à une époque où les paiements électroniques n'étaient pas aussi répandus, le billet de Rs 2 000 avait pour but de faciliter les transactions en espèces de gros montants. Mais aujourd'hui, l'ubiquité des services bancaires en ligne et des systèmes de paiement électroniques rend cet argument obsolète. Des milliards de roupies sont transférées chaque jour à Maurice via des plateformes électroniques, représentant plusieurs fois le Produit intérieur brut annuel du pays. Ces systèmes permettent des transactions légales sécurisées et efficaces, même dans des zones rurales en Afrique ou en Asie.

Alors, pourquoi une partie de la population mauricienne, bien éduquée, préfère-t-elle encore utiliser des billets de haute valeur ? Cette préférence soulève des questions. Certains pourraient chercher à contourner les systèmes de traçabilité pour des raisons moins avouables, comme le blanchiment d'argent. Le maintien de grosses coupures, comme le billet Rs 2 000, pourrait même encourager ces pratiques.

En plus d'être le billet le plus sujet à la contrefaçon, le billet de Rs 2 000 est également le plus coûteux à produire. Cet élément pèse inutilement sur les finances de l'autorité émettrice. Plusieurs banques centrales, comme la Banque centrale européenne, ont déjà retiré leurs plus grosses coupures pour des raisons similaires.

À Maurice, le billet de Rs 2 000 semble avoir perdu sa pertinence. Son élimination ne perturberait en rien le système de paiements et contribuerait à réduire les risques liés aux activités illicites. Face à une menace croissante de contrefaçon et à l'évolution des besoins économiques, le retrait de cette coupure apparaît comme une mesure logique et nécessaire.

Selon nos sources, la pénurie des devises et le manque de billets Rs 2000 sur le marché seraient dus aux fonds occultes amassés et utilisés par les gros trafiquants de drogue. Les autorités veulent prendre les taureaux par les cornes. Les billets de banque sont un moyen de commencer, nous dit-on...

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