Dans le cadre du projet «Améliorer l'assainissement, concevoir des villes vivables et inclusives», Borda, une ONG allemande, s'est installée au Sénégal en 2024 pour promouvoir l'économie circulaire et la gestion durable de l'assainissement. Le projet, d'une durée initiale de trois ans, sera mis en oeuvre en concertation avec les autorités sénégalaises, le secteur privé et la société civile.
Le Directeur régional de Borda Afrique de l'Ouest, Jakob Woelki, a expliqué l'objectif principal du projet : «Nous sommes ici pour un échange avec les acteurs du secteur, pour voir comment nous pouvons collaborer durant les trois prochaines années. Le projet est renouvelable jusqu'à neuf ou douze ans. Nous visons à transférer des technologies robustes et décentralisées, développées par Borda durant ces 45 dernières années, pour améliorer l'assainissement au Sénégal. Ces technologies ne nécessitent ni produits chimiques, ni électricité, et sont basées sur des solutions naturelles», a-t-il affirmé.
Le choix du Sénégal pour la mise en oeuvre de ce projet découle de l'expérience de Borda dans d'autres pays africains. Assane Diarra, Directeur Pays de Borda, a ajouté : «Le but de Borda est de créer la demande et de développer les compétences locales. Après neuf ou douze ans, nous espérons pouvoir nous retirer en laissant un cadre institutionnel solide. Nous avons commencé au Mali en 2016, et la Coopération allemande a facilité l'élargissement de cette approche au Sénégal» a-t-il précisé.
Il a rappelé que Borda intervient dans 25 pays et que son installation au Sénégal vise à répliquer des modèles d'assainissement décentralisés adaptés aux réalités locales. «Nous avons déjà identifié un site à Thiès pour une station pilote de traitement de boues de vidange et explorons d'autres possibilités pour implanter des technologies DEWATS dans des établissements comme des hôpitaux ou des universités», a-t-il indiqué.
Lors de leur mission en Zambie, les acteurs de Borda ont pu observer la mise en place de technologies décentralisées comme les stations de traitement des boues de vidange et les DEWATS. Ces technologies, particulièrement adaptées aux zones périurbaines et aux établissements tels que les hôpitaux ou les écoles, seront testées au Sénégal à travers des projets pilotes. Le site de Thiès a été retenu pour l'installation d'une station de traitement des boues de vidange, et une DEWATS sera également implantée, après concertation avec les acteurs du secteur.
Le Directeur général de l'ONAS, Seni Diène, a souligné l'importance de ce projet pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l'accès universel au service d'assainissement. «Ce projet arrive à point nommé, et Borda offre une nouvelle possibilité d'accélérer l'atteinte de ces objectifs. Nous avons besoin de solutions adaptées aux réalités locales du Sénégal, et cette collaboration avec Borda est primordiale pour y parvenir», a fait savoir M. Diène.
Seni Diène a aussi ajouté : «Nous nous orientons vers une gestion intégrée de l'assainissement, reliant ce secteur à d'autres domaines comme l'agriculture et l'eau productive. Ce modèle réduit la consommation d'énergie et valorise les sous-produits de l'assainissement ; ce qui est crucial pour rendre nos investissements plus durables».
Seni Diène a expliqué le choix de Thiès pour l'implantation de l'usine pilote : «Ce choix est lié à un besoin réel identifié à Thiès et à la disponibilité d'un terrain de l'ONAS, ce qui facilite la mise en oeuvre de cette phase test», a fait savoir ce dernier.
Docteur Bécaye Sidy Diop, expert WASH et Directeur général de DELVIC, a souligné l'importance de l'approche d'économie circulaire dans ce projet. «Le traitement des déchets dans le secteur de l'assainissement doit viser la valorisation et non le rejet. Ce projet est fondé sur l'économie circulaire, et il est essentiel pour transformer les déchets en ressources utiles. Ce modèle doit être soutenu par l'État, le secteur privé, et les chercheurs», a-t-il expliqué.
Enfin, Moumoudou Ndiour, Secrétaire général de l'Association des Acteurs de l'Assainissement du Sénégal, a évoqué l'implication du secteur privé. «L'assainissement ne peut fonctionner que si le secteur privé est impliqué. Dans les pays où l'assainissement réussit, c'est souvent le secteur privé qui gère. À Thiès, des entreprises privées pourraient gérer toute la chaîne de valeur de l'assainissement. Ce projet est une opportunité de rentabiliser ce secteur et de régler la problématique de l'assainissement».
Le projet est financé par la Coopération allemande, pour un budget d'environ 500 millions de francs CFA. Et sa mise en oeuvre est suivie de près par les acteurs locaux et internationaux. Le succès de cette phase pilote pourrait ouvrir la voie à une réplique à plus grande échelle, à l'échelle locale, nationale et internationale.