Libéré de prison en octobre 2022, ce manifestant du Mrc à Bafoussam, a perdu tous ses repères sociaux et professionnels.
« Je n'ai plus de travail. Presque tout le monde m'esquive depuis ma sortie de prison le 30 octobre 2022. En famille, je suis sous pression. Mes proches souhaitent que je renonce à mon engagement politique. Ce qui est impossible. Car je suis résolument engagé pour le changement dans ce pays. Et je crois que nous y parviendront un jour. J'ai été condamné et j'ai séjourné 25 mois en prison pour, entre autres, conspiration et outrage au président de la République Les persécutions ne font pas reculer. J'ai séjourné dans les cellules infectes et insalubres de la prison de Bafoussam entre le 30 septembre 2020 et le 30 octobre 2025. J'ai été torturé. J'ai vu dans quelle condition déplorable sont traités les prisonniers de droits commun. Me André Youmbi, jurisconsulte bien connu, est mort sous mes yeux en prison, faute de secours ».
Telle est la position de Philippe Roger Tamkou Ngouo, la quarantaine entamée, ex prisonnier politique et militant et membre du bureau de la fédération régionale du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) pour l'Ouest. Il porte le numéro 580 sur la liste des militants du Mrc torturés et publiés ce 04 décembre 2024 par Me Hypolite Meli, avocat de Tamkou Ngouo et membre du collectif Me Sylvain Souop.
Pas facile de vivre dans l'indigence permanente
Le vendredi 29 novembre 2024, au cours de ses marches habituelles à travers certaines rues de Bafoussam, il s'est retrouvé à Tougang-ville à Bafoussam.
Au domicile de l'une des rares personnes à qui il fait encore confiance, il échange longuement avec son interlocuteur sur la situation du pays et se questionne sur les possibilités d'alternance au sommet de l'Etat suite à l'élection présidentielle d'octobre 2025. « Je suis fiché. La police suit tous mes mouvements et mes publications sur les réseaux sociaux. Je marche avec beaucoup de prudence, car à tout moment je peux être embastillé. Je dois chaque prendre des précautions pour assurer ma sécurité personnelle. Car les agents de l'ordre de 1982 sont dans une logique de traque sournoise et de musèlement des opposants radicaux comme nous autres militants du Mrc », soutient-il.
Technicien en génie civil, il se plaint de ne plus être sollicité pour des prestations, parce que chaque personne redoute que si un chantier lui est confié, il peut être interrompu à tout moment. « Les gens ne me confient plus des travaux de construction de leur maison. Je n'ai plus de source de revenus et ce n'est pas facile de vivre dans l'indigence permanente », explique-t-il.
Philippe Roger Tamkou manifeste également son admiration pour ces femmes et filles de conviction qui donnent du tonus aux combats du Mrc dans la région de l'Ouest.
Clémence Sindze et Raïssa Solange Njimegni, plus connu comme Rosange Njimegni, deux ex pensionnaires des prisons camerounaises, embastillées et torturées à cause de leur encagement à défendre les positions du Mrc. D'ailleurs ces deux amazones sont déterminées à mouiller le maillot, tout comme Philippe Roger Tamkou Ngouo, afin que l'élection présidentielle de 2025 marque la fin du système Biya.
La solidarité des vétérans politiques à l'instar du Dr Siméon Kuissu, secrétaire adjoint du bureau de la fédération régionale du Mrc à l'Ouest, contribue à donner quelques moments d'espoir à Philippe Roger Tamkou Ngouo. Me Adèle Kenmogne, secrétaire nationale délégué aux affaires judicaires et juridiques du Mrc, Maffo Meudjeu, responsable régional de l'organisation des femmes du Mrc à l'Ouest, Elie Ngompé Fotso, secrétaire général adjoint n°2 du Mrc et bien d'autres affidés du Pr Maurice Kamto, candidat déclaré du Mrc et de l'Alliance des forces pour le changement (Afc) pour l'élection présidentielle d'octobre 2025, sont aussi mobilisés et croient fortement que le «grand soir» de la renaissance et de l'alternance au Cameroun se profile déjà à l'horizon.