Les paramilitaires russes de l'ancien groupe Wagner en Centrafrique ont rendu un hommage inattendu à leur chef décédé, Evguéni Prigojine.
Ils ont ainsi érigé, au coeur de Bangui, un monument à sa gloire. Une initiative qui survient peu après la fête du 66e anniversaire de la proclamation de la République centrafricaine. La société civile dénonce l'influence des mercenaires russes et y voit une forme d'aliénation.
C'est en présence de Claude Rameau Bireau, ministre de la Défense, que les mercenaires russes de l'ex- groupe Wagner, dénommé aujourd'hui Africa Corps, ont rendu cet hommage à Evguéni Prigojine.
Valéry Sitty, un des mercenaires russes présents, explique que "c'est un symbole de reconnaissance, de gratitude, ils ont beaucoup contribué à la stabilisation de la situation sécuritaire en République centrafricaine. Ce travail a permis de rompre le cycle vicieux de tentative de déstabilisation de la République centrafricaine et grâce à cet effort, on a cette période de stabilité et de sécurité".
En acceptant cette célébration, le pouvoir centrafricain prend des risques et envoie un message ambigu à Vladimir Poutine avec qui le président Faustin-Archange Touadera s'est récemment entretenu.
"Inadmissible et impensable"
Dans ce contexte, le ministre de la Défense, Claude Rameau Bireau, a préféré ne pas faire de déclaration. Mais pour la société civile centrafricaine, les mercenaires russes infantilisent le pays.
C'est en tout cas l'avis de Paul Crescent Beninga, du Groupe de travail de la société civile. Selon lui, "ce qui vient de se passer relève d'une ignominie. C'est inadmissible, impensable et inconcevable. Où se trouve la limite du groupe Wagner dans l'infantilisation du peuple centrafricain ? Nous avons des figures de résistance dans ce pays. On parlera de Koudoukou, de Karinou dans la Nana Mambere qui a opposé une résistance à l'entreprise coloniale. Où se trouve aujourd'hui la statue de Karinou ? Qu'est ce qui nous vient à l'esprit ? Nous avons touché le fond. Les sécurocrates du pays se sont déplacés pour aller rendre un vibrant hommage à Wagner. Où se trouve notre fierté ?"
Alors que l'économie du pays est touchée par la grève des camionneurs après qu'un chauffeur a été tué dans des circonstances encore non élucidées, cette cérémonie illustre la place importante qu'occupe l'ex-groupe Wagner en Centrafrique, trois jours seulement après le 66e anniversaire de la proclamation de l'indépendance de la République centrafricaine.