Au Tchad, où il n'y a plus aucune salle de cinéma, Ndjamena accueille du 2 au 7 décembre 2024 le Festival Euro-Africain organisé par l'Union européenne (UE) dans plusieurs pays du continent. Les projections se font tous les jours sur cinq sites. Alors qu'une programmation destinée aux adultes est diffusée dans des universités, celle destinée aux enfants ont lieu dans des maisons de quartier de la capitale. Reportage dans la maison de quartier de Chagoua.
La petite salle de projection est bondée. De nombreux jeunes sont alignés derrière le vidéo projecteur. Assis les uns à côtés des autres, ils suivent attentivement Marinette, le film qui lance cette semaine de cinéma dans la maison de quartier de Chagoua, dans la capitale du Tchad.
Issa Abakar, animateur volontaire dans la maison de quartier, explique : « Ça attire surtout des adolescents. Il y a plus de 60 jeunes à l'intérieur et ils sont vraiment intéressés par ce film. »
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Accepter Gérer mes choix Le film est une plongée dans la vie et la carrière de Marinette Pichon, la première footballeuse professionnelle française. De quoi attirer les amateurs de football de Chagoua. Alvin, élève en classe de 1ère L et joueur de football, souligne : « Aujourd'hui, on avait un entraînement mais on l'a laissé pour suivre le film. C'est bien aussi parce que ça nous motive. Nous l'avons bien aimé, c'est très intéressant. Regarder un film, c'est rare, parce que nous, nous n'aimons que le football et nous ne suivons que les matches de foot. Donc, c'est aussi une opportunité pour nous de voir ce film. »
Maeva a dix ans. Et pour elle, c'est une première : « Les films comme ça, je n'en vois pas. Mais si mon frère met des fims d'action, je les regarde avec lui. J'adore ça. J'en vois à la maison mais c'est la première fois que j'en regarde ici. »
Malgré le manque d'infrastructures adaptées, le cinéma continue d'attirer les Tchadiens.
« Les jeunes Tchadiens adorent regarder des films à l'air libre » Absence d'infrastructures adaptées, aussi bien pour faire des films que pour les projeter : il est donc difficile de parler d'industrie du cinéma à proprement parler au Tchad. Mais pour Renaud Masbeye, réalisateur et producteur tchadien, les jeunes du pays trouvent toujours des alternatives pour regarder des films.
« L'artiste ou bien le cinéaste ne peut pas montrer ce qu'il a à son public, déplore-t-il. Il faut que d'autres voient de dehors, mais pas ceux à l'intérieur. C'est un peu compliqué. L'unique salle de cinéma qu'on a, qui est Le Normandie, est fermée. Donc, aujourd'hui, on n'a pas de salle pour projeter les films. L'unique moyen pour qu'on puisse voir nos travaux, c'est à la télé. Et, à la télé aussi, ce n'est pas tout le monde qui peut les voir. Il y a des endroits où il n'y a pas d'électricité, où on n'a pas d'accès à des écrans ».
Mais, relativise Renaud Masbeye : « Les jeunes Tchadiens adorent aller regarder des films à l'air libre, partout. Les ciné-clubs existent partout dans le pays. Tu vas avoir ce genre de d'installations dans le quartier et ça regroupe beaucoup beaucoup de gens. Le soir venu, des milliers de personnes dans le quartier se dirigent vers ces ciné-clubs là. Surtout qu'à Ndjamena, il y a des moments où il n'y a pas d'électricité. Donc, tout le monde converge là-bas, le soir, pour regarder un film ou bien regarder un match de football. Et dès que le film est fini, on enchaîne avec le ballon. »