Ce mardi 3 décembre, le Centre International d'art contemporain et de culture (CIAC) , situé à Ouest Foire près de la Case des Tout-Petits, a été le théâtre d'une cérémonie riche en émotion et en créativité. Dans le cadre de la 15e Biennale des Arts de Dakar, un hommage solennel a été rendu à Madame Madeleine Devès, figure emblématique de l'art plastique et pionnière de la récupération artistique au Sénégal.
L'art de transformer l'oublié
Reconnaissable par sa démarche artistique singulière, Madeleine Devès a ému l'audience en revenant sur son travail et sa philosophie. "Mon art consiste à redonner vie à des matériaux rejetés, qu'il s'agisse de morceaux de tissus, d'ossements ou encore de noix de cocotier. Ces objets, considérés comme inutiles, ont pour moi une histoire et une âme que je tente de sublimer dans mes oeuvres", a-t-elle confié avec passion.
Sa démarche, entamée dans les années 1960, s'est transformée en une véritable exploration des possibilités qu'offrent les rebuts du quotidien. Elle évoque notamment les sekkiit, ces chutes de tissus laissées par les tailleurs, qu'elle a intégrées dans des compositions audacieuses et vibrantes.
"À travers mes oeuvres, je veux montrer qu'aucun objet n'est inutile. Chaque débris recèle une beauté que seul un regard attentif peut révéler", a-t-elle ajouté, inspirant l'admiration des nombreux artistes et amateurs d'art présents.
Une reconnaissance méritée par ses pairs
La cérémonie, organisée par la Communauté Africaine de Culture Section Sénégal (CACSEN), a réuni des personnalités du monde universitaire artistique et culturel. On peut noter la présence des professeurs Penda Mbow, Bouba Diop, Abdoulaye Élimane Kane, Alioune Badiane etc.
Le président de la CACSEN, Alpha Amadou Sy, a salué l'apport exceptionnel de Madeleine Devès à l'art et à la société.
"Madeleine est bien plus qu'une artiste. Elle est une pionnière, une visionnaire, et une source d'inspiration pour nous tous. Sa capacité à transformer des objets ordinaires en chefs-d'oeuvre est une véritable leçon d'humilité et de créativité", a-t-il déclaré dans son discours.
D'autres témoignages ont enrichi cet hommage, comme celui de l'artiste Kalidou Kassé, qui a mis à disposition son espace pour accueillir l'exposition, et du Professeur Maguèye Kassé, commissaire de l'événement. Tous deux ont souligné l'originalité et la profondeur de l'oeuvre de Madeleine, ainsi que son engagement envers des causes sociales et environnementales.
L'exposition dédiée à Madeleine Devès Senghor se tiendra jusqu'au 7 décembre, offrant au public une opportunité unique de découvrir ses oeuvres. Ses créations, mêlant art traditionnel et contemporain, interrogent non seulement notre rapport aux objets, mais aussi aux enjeux écologiques.
Alors que la Biennale des Arts continue d'animer Dakar jusqu'au 8 décembre, cet hommage à Madeleine Devès Senghor se distingue comme un temps fort de l'événement. Il met en lumière le rôle de l'art comme moteur de réflexion et d'action face aux défis de notre époque.