L'élimination des violences faites aux femmes et aux filles, en mettant au coeur le respect des droits humains et l'autonomisation des femmes, demeure une préoccupation africaine. Selon L"Onu-femme, « aucun pays n'est épargné et aucun n'a réussi à éliminer le fléau de la violence contre les femmes et les filles ». Pour apporter leur contribution à cette lutte, les professionnels des médias de l'Afrique tiennent un forum, depuis hier, mercredi 4 décembre, sur la question à Dakar afin de booster les initiatives allant dans le sens de réduire le gap. Sur l'initiative du Remapsen avec l'appui de Onu-femme, le forum prendra fin le 06 décembre prochain.
Les médias de l'Afrique, de l'Ouest, du Centre et du Madagascar se sont donné rendez-vous à Dakar sur initiative du Réseau des médias africain pour la promotion de la santé et de l'environnement (Remapsen) pour échanger sur l'élimination des violences faites aux femmes et aux filles, en mettant au coeur le respect des droits humains et l'autonomisation des femmes. Selon le président du Remapsen Bamba Youssouf, les médias peuvent éduquer, sensibiliser, influer sur le comportement et mobiliser l'opinion et les décideurs, orienter les débats politiques et inciter à des actions concrètes en faveur de la femme.
« Ce forum constitue pour nous le point de départ d'un engagement collectif des médias en Afrique avec un plan de fonds et un renforcement des productions médiatiques de sensibilisation et de plaidoyer en vue de toucher toutes les cibles, notamment les plus reculées pour un monde sans violence envers les femmes » a-t-il fait savoir. Et d'ajouter : « c'est aussi l'occasion pour nous de rappeler que ce forum des médias fait suite à ce que nous avons organisé en 2022 ici même à Dakar sur l'impact de la Covid-19 sur les programmes de prévention et de prise en charge du VIH en Afrique de l'Ouest et du Centre et celui organisé en 2023 sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition à Lomé ».
Pour ce forum Médias qui prend fin le 06 décembre prochain, il s'inscrit en droite ligne de l'initiative « Tous Unis d'ici 2030 pour mettre fin à la violence à l'égard des droits des femmes, les jeunes ». Une campagne annuelle internationale qui a démarré le 25 novembre de chaque année, date qui coïncide avec la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et qui se termine le 10 décembre, qui marque la journée des droits humains.
Onu-femme peint un tableau alarmant
30 années après la déclaration de Beijing, « Tous Unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes et des filles », les premiers rapports du processus de Beijing 2030, renseigne selon l'Onu-femme qu'au cours des 5 dernières années dans la région africaine, 79% des États membres ont présenté des rapports qui ont permis de mettre en place des plans d'action nationaux pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. 90% ont introduit ou renforcé la législation en matière de lutte contre les violences à l'égard des femmes et des filles. 88% de nos États ont introduit ou renforcé des services pour prendre en charge les victimes de violences. Des avancés salués par Arlette Mvondo, représentante résidente de ONU Femmes du bureau Sénégal.
« Nous saluons ces progrès remarquables qui font une différence et qui montrent que la violence contre les femmes et les filles est évitable, pourtant la réalité que nous vivons est autre et montre que la violence reste omniprésente et dévastatrice » a-t-elle avancé. Et d'ajouter : « nous sommes réunis dans un contexte où les faits relatant les violences faites aux femmes et aux filles restent alarmants ». En Afrique de l'Ouest et du centre, l'Onu-femme a aussi souligné qu'une femme sur trois subit des violences basées sur le genre. Les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les violences sexuelles et domestiques continuent de priver des millions de femmes et des filles de leurs droits fondamentaux tout en limitant leur potentiel individuel et leur contribution collective à notre société.
« Aucun pays n'est épargné et aucun n'a réussi à éliminer ce fléau de la violence contre les femmes et les filles » a renseigné Mme Mvondo. Pour y mettre fin, l'Onu femme a déclaré qu'il faut une action audacieuse, transformatrice. « Malgré les efforts des gouvernements, des partenaires, des organisations de la société civile, nous sommes loin des objectifs fixés à Beijing, de ceux du développement durable, mais aussi des normes et des droits de l'homme qui devraient garantir la protection et la sécurité de chaque femme et de chaque fille »
Engagement du ministère de la famille et des solidarités
Les violences basées sur le genre, qu'elles soient physiques, psychologiques ou économiques, représentent une violation grave des droits humains. Pour le conseiller technique N1 du ministère de la famille et des solidarités. Oumar Samb, elles affectent la dignité, la santé et le bien-être des femmes et des filles. « Bien qu'il existe des politiques et des programmes visant à renforcer les cadres législatifs, à soutenir les victimes et à promouvoir des environnements sûrs pour toutes et tous, il est tout aussi important de combattre les stéréotypes sexistes qui limitent les aspirations des filles et des femmes » a-t-il avancé.
Au regard des défis, M. Samb a estimé : « la promotion de l'autonomisation financière des femmes, pour ainsi dire l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons, ne constitue pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un levier essentiel pour l'Afrique pour participer à la marche mondiale vers l'atteinte des objectifs de développement durable ». Et d'attester à l'endroit des professionnels des médias : « je vous invite donc à devenir des alliés actifs de ce combat, car l'accès à l'éducation, à un emploi décent, à la santé, à la justice, au financement, entre autres, demeurent des droits universels pour tout être humain ».