Les orateurs présents lors de la cérémonie d'ouverture du CEO Summit, hier, ont exprimé leur volonté de concrétiser l'intégration régionale dans la zone de l'océan Indien. Une démarche incontournable pour relever les défis communs et renforcer le développement des pays membres.
Codéveloppement. Ce mot résume les aspirations et ambitions exprimées lors des interventions d'ouverture du CEO Summit, hier, au Novotel Alarobia. Un codéveloppement qui repose sur l'intégration régionale des îles de la zone océan Indien.
L'idée d'intégration régionale consiste ici à mutualiser les atouts des îles afin de relever ensemble les défis communs. Il s'agit de renforcer leur synergie pour promouvoir un codéveloppement durable, tout en permettant à chaque île d'atteindre ses objectifs de développement spécifiques.
« L'intégration régionale est essentielle pour stimuler la croissance économique et réduire notre dépendance à l'égard des pays éloignés », a déclaré Andry Rajoelina, président de la République, qui figurait parmi les orateurs de la cérémonie. Dans une allocution teintée d'engagement, Huguette Bello, présidente de la région La Réunion, a également plaidé en faveur de l'intégration régionale.
« Faisons jouer notre complémentarité et structurons notre partenariat dans un projet de codéveloppement. (...) Nous disposons de ressources extraordinaires. Alors, il faut que nous nous parlions, que nous mutualisions nos efforts », a exhorté la présidente de La Réunion. Edgard Razafindravahy, secrétaire général de la Commission de l'océan Indien (COI), a poursuivi dans le même sens en affirmant : « Ce CEO Summit représente bien plus qu'une simple rencontre. Il incarne une opportunité unique : celle de définir, ensemble, l'avenir de notre région. »
Les chefs d'entreprises, qui constituent le moteur du secteur privé de la zone océan Indien, participent activement au CEO Summit. Au-delà de l'expression d'une volonté politique forte, les décideurs étatiques et régionaux se sont également adressés directement à ces acteurs économiques stratégiques.
Une priorité absolue
Le président Rajoelina a souligné que « notre ambition est d'améliorer les échanges commerciaux en renforçant la coopération entre les États. Votre rôle, en tant que secteur privé, est déterminant pour atteindre nos objectifs communs ». Cependant, comme l'a indiqué Huguette Bello, « développer et structurer l'indianocéanie n'est pas une tâche aisée ».
Parmi les priorités évoquées hier figurent le renforcement et la fluidité des connexions aériennes et maritimes. La présidente de La Réunion a même proposé la création d'une compagnie maritime régionale. L'augmentation des échanges commerciaux entre les îles de l'océan Indien est également un enjeu clé. « Depuis des décennies, au sein de la COI, la part du commerce régional dans les échanges totaux reste autour de 6 % en moyenne », a déploré Huguette Bello.
«Avec le potentiel dont nous disposons, il est inconcevable que l'île Maurice importe encore du maïs d'Argentine, que La Réunion et les Seychelles importent des fruits et légumes d'Espagne, et que l'ensemble de nos pays importe encore du sucre du Brésil», a renchéri Andry Rajoelina. Le chef de l'État malgache a insisté sur les atouts de Madagascar pour devenir le grenier de l'océan Indien, ainsi que sur l'immense zone économique exclusive des îles de l'Indianocéanie.
Comme cela a été souligné hier, la mutualisation des forces au sein de l'Indianocéanie pourrait également permettre de négocier des accords commerciaux et des partenariats économiques plus avantageux avec de grands marchés mondiaux, tels que l'Union européenne. Une priorité essentielle de l'intégration régionale, selon Andry Rajoelina, est de garantir l'autonomie de la région océan Indien.
Tel qu'exprimé par Edgard Razafindravahy, « au coeur de l'avenir commun de la région océan Indien, il y a un défi qui surpasse tous les autres: la sécurité alimentaire. C'est une nécessité vitale, une priorité absolue. » Il a ajouté : « Nous ne pouvons pas toujours compter sur les autres pour nourrir nos peuples. Nous avons le talent, nous avons les ressources. Mais... avons-nous la volonté de transformer ces promesses en actes ? »
Dans cet esprit de coopération renforcée, le secrétaire général de la COI a appelé à l'action, en insistant sur la nécessité de prioriser la quête de la sécurité alimentaire. Face aux représentants du secteur privé, il a exhorté à « investir dans l'avenir que nous voulons bâtir », évoquant des « investissements ambitieux », comme la création d'un fonds régional d'investissement agricole destiné à injecter du capital dans les technologies modernes et les pratiques durables.
Edgard Razafindravahy a également suggéré des partenariats public-privé visionnaires pour soutenir le développement agricole et mettre en place un espace agricole régional au sein de la COI.
« Le véritable changement ne vient pas de ceux qui attendent. Il vient de ceux qui osent prendre des risques et innover », a-t-il conclu.