Afrique de l'Est: Guerre au pays - Une visite stratégique du chef de l'armée au Soudan du Sud voisin

Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan s'est rendu ce 4 décembre 2024 au Soudan du Sud en visite officielle. Il s'agit de son premier déplacement dans ce pays depuis le début de la guerre qui oppose l'armée aux paramilitaires depuis le 15 avril 2023. Après avoir récemment effectué des visites en Éthiopie et en Érythrée, Khartoum cherche à renforcer ses relations avec le Soudan du Sud nourrissant l'espoir que ces pays puissent jouer un rôle « plus positif » dans le dossier soudanais et au sein de l'Union africaine.

C'est à huis clos que le président sud-soudanais, Salva Kiir, et le général Abdel Fattah al-Burhan ont discuté, lors de deux réunions, de la coopération et des relations bilatérales entre Soudan et Soudan du Sud.

Selon un communiqué du ministère soudanais des Affaires étrangères, la sécurité de la frontière commune étaient au coeur de leurs discussions.

Le général al-Burhan réclame un rôle « plus actif et plus équilibré » de Juba

La visite d'al-Burhan intervient au moment où l'armée soudanaise réalise des avancées dans l'État de Sennar, frontalier du Soudan du Sud.

Ce pays a été accusé par Khartoum de laisser passer des combattants sud-soudanais pour prêter main forte aux Forces de soutien rapide (FSR) à Sennar. Il s'agit de membres de tribus du nord qui ne représentent pas le gouvernement, explique Juba.

Le général al-Burhan aimerait aussi compter sur Juba pour qu'elle joue un rôle « plus actif et plus équilibré » dans ce conflit.

Khartoum n'a pas oublié que c'est le président Salva Kiir qui a lancé la première initiative de discussions entre les belligérants soudanais au tout début de la guerre.

Quant au volet économique, le sujet de l'acheminement du pétrole du Soudan du Sud vers Port-Soudan (au Soudan), suspendu depuis le début de la guerre, a été remis sur la table. Il reste cependant dans l'attente de la reprise de l'État d'al-Jazeera, par l'armée, cet État du centre-est du Soudan étant actuellement sous contrôle des FSR.

Selon des analystes soudanais, le Soudan du Sud adopte une « double position »

La visite d'al-Burhan a cependant été entachée par des déclarations hostiles de la part de Taban Deng, vice-président sud-soudanais. La veille, il a considéré qu'il n 'y avait pas de gouvernement à Khartoum et que le gouvernement de Port-Soudan n'avait pas le temps d'écouter les souffrances des habitants d'Abiyé, région disputée entre le Soudan et le Soudan du Sud.

Selon plusieurs sources, la présidence du Soudan du Sud s'est désolidarisée de cette déclaration d'un homme impliqué dans des investissements émiratis à Juba. Le ministère soudanais des Affaires étrangères a, de son côté, affirmé que lors de leur rencontre, les deux présidents n'étaient pas revenus sur les déclarations du vice-président sud-soudanais Taban Deng.

Selon des analystes soudanais, la position du Soudan du Sud face à la crise à Khartoum « laisse dubitatif ». Juba adopte, selon eux, une « double position ».

Les autorités du Soudan du sud réagissent d'un côté sous pression des Émirats arabes unis. De l'autre, elles voudraient garder de bonnes relations avec le gouvernement soudanais. Les autorités du Soudan du Sud ont affirmé qu'elles ne prenaient pas partie pour les FSR et que certains Soudanais participent personnellement à la guerre.

Il n'empêche que Juba a reçu le numéro deux des FSR, Abderrahim Dogolo, frère de Hemedti, qui est partenaire d'Abou Dhabi dans ces investissements à Juba et que certains chefs militaires des FSR à Sennar ont fui vers le Soudan du Sud sans opposition des autorités.

Par ailleurs, certains cercles politiques à Juba affirment que les FSR exercent des pressions sur le pouvoir afin de toucher une partie des revenus de l'acheminement du pétrole sud-soudanais vers Port-Soudan.

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