Le groupe de demandeurs d'asile sri-lankais, bloqué sur le British Indian Ocean Territory (BIOT) à Diego Garcia depuis octobre 2021, a finalement été transféré au Royaume-Uni après une bataille juridique acharnée de trois ans, menée par l'équipe de défense des droits humains du cabinet d'avocats Leigh Day.
À leur arrivée au Royaume-Uni les 2 et 3 décembre 2024, les demandeurs d'asile - plus de 60 personnes, dont des familles avec enfants - ont été accueillis par leurs avocats, qui ont qualifié cette victoire d'aboutissement d'un travail ardu visant à faire reconnaître leur détention comme illégale. Huit d'entre eux ont déjà obtenu une protection internationale, leur garantissant qu'ils ne pourront pas être expulsés vers leur pays d'origine. Toutefois, la majorité attend encore une décision des autorités britanniques concernant leur statut de réfugié.
À leur arrivée, les demandeurs d'asile ont obtenu un permis de séjour temporaire de six mois. Leur droit de travailler et leur avenir dans le pays dépendront des décisions des autorités britanniques. En attendant, ils bénéficient d'un logement et d'une allocation modeste. En revanche, trois membres du groupe ayant des antécédents criminels, dont un cas d'abus sur mineur, n'ont pas été inclus dans ce transfert. Ils pourraient être envoyés à Montserrat pour purger leur peine, bien qu'aucune décision définitive n'ait encore été prise.
Tous ces demandeurs d'asile, ayant fui la persécution au Sri Lanka, ont été secourus par la marine britannique après que leur embarcation a rencontré des difficultés dans l'océan Indien. Ils ont ensuite été placés dans un camp sous des tentes sur l'île de Diego Garcia, une solution temporaire qui s'est avérée in- soutenable. Décrit comme infesté de rats et soumis à un contrôle militaire strict, le camp a été vivement critiqué pour les conditions dangereuses et inhumaines dans lesquelles vivaient les réfugiés, notamment les 16 enfants présents.
Pendant les six premières semaines, ils n'avaient aucun moyen de communication avec l'extérieur. Ce n'est qu'après l'intervention de leurs avocats que les autorités ont consenti à leur fournir une tablette pour contacter leurs défenseurs. En mai 2022, certains membres du groupe, désespérés, ont entamé une grève de la faim pour attirer l'attention sur leur situation. Le cabinet Leigh Day a ensuite engagé des procédures en révision judiciaire pour contester les conditions de détention sur l'île et obtenir une assistance juridique pour les demandeurs d'asile. En mai 2023, la cour suprême du BIOT a jugé que le gouvernement leur avait illégalement refusé l'accès à une aide juridictionnelle depuis leur arrivée en 2021.
Le 3 décembre célébré
En avril 2024, un jugement crucial a établi que la législation britannique sur la protection des enfants s'appliquait également à Diego Garcia, pour contraindre le commissaire du BIOT à garantir la sécurité des enfants face aux dangers présents sur l'île. Malgré ces victoires juridiques, la procédure a été ralentie par des blocages institutionnels. En septembre 2024, une audience de révision judiciaire prévue à Diego Garcia a été reportée après que le gouvernement américain a interdit l'accès de la cour à l'île.
Ce n'est qu'en novembre 2024 que le gouvernement britannique a annoncé son intention de transférer le groupe au Royaume-Uni. Cependant, le gouvernement a précisé qu'il s'agissait d'une exception et qu'aucun autre demandeur d'asile arrivant à Diego Garcia ne serait autorisé à entrer au Royaume-Uni. Les futures arrivées seraient plutôt dirigées vers d'autres territoires britanniques, comme Sainte- Hélène, ou renvoyées dans leur pays d'origine.
Leur combat est loin d'être terminé. Les avocats du groupe continuent de plaider pour une compensation concernant la détention arbitraire subie à Diego Garcia. Parallèlement, les demandeurs d'asile doivent encore prouver leur éligibilité à un statut de réfugié aux autorités britanniques.
Pour ces personnes, cette nouvelle étape est perçue comme une renaissance. L'une des demandeuses d'asile a déclaré qu'elle célébrerait chaque année le 3 décembre comme son jour d'indépendance, symbole de la fin de leur détention. Cependant, leur quête de dignité et de sécurité ne fait que commencer.