Le système de retraite tunisien, souvent considéré comme un pilier de la sécurité sociale, se situe à un niveau intermédiaire par rapport aux pays européens, mais il demeure plus avancé que ceux des pays arabes et africains. C'est ce qu'a affirmé ce vendredi 6 décembre 2024, Bader Sammaoui, conseiller en protection sociale.
Lors de son passage sur les ondes d'une radio privée, Sammaoui a souligné les acquis du système de sécurité sociale tunisien, qui repose sur un modèle assurantiel. Toutefois, il a également relevé une problématique majeure : une part importante des personnes âgées n'est pas affiliée aux caisses sociales, ce qui les prive de toute pension.
"Malgré ses atouts, le système de retraite tunisien fait face à des difficultés croissantes ces dernières années. À cet égard, les solutions mises en oeuvre jusqu'à présent se limitent à des approches superficielles et ponctuelles, sans répondre aux défis structurels", a-t-il indiqué.
Sammaoui a aussi rappelé que les régimes de retraite en Tunisie reposent principalement sur les cotisations des affiliés et fonctionnent selon le système de répartition. Cependant, 90 % des dépenses des caisses sociales (CNRPS et CNSS) sont consacrées au versement des pensions, ce qui génère des tensions financières, notamment pour les retraités, les veuves, les orphelins et les personnes en situation de handicap.
Fusion des caisses : un défi complexe
Sammaoui s'est également prononcé sur le projet d'unification des deux caisses (CNRPS pour le public et CNSS pour le privé). Il a insisté sur la nécessité de dépasser une simple fusion structurelle pour parvenir à une harmonisation des prestations et des réglementations. Cette réforme, toutefois, reste délicate à mettre en oeuvre, compte tenu des spécificités des secteurs : le public bénéficie de stabilité et de continuité, tandis que le privé est marqué par une plus grande instabilité.
Sur un autre plan, Bader Sammaoui a annoncé des hausses des pensions pour janvier 2025. Les affiliés de la CNRPS bénéficieront d'une augmentation, tandis que ceux de la CNSS verront leurs pensions revalorisées de 7 %, grâce à un ajustement fiscal.
"Cette revalorisation touchera la majorité des bénéficiaires des pensions, qu'il s'agisse de retraités, de veuves, d'orphelins ou de personnes en situation de handicap, en raison de la mise à jour de la grille fiscale", a-t-il encore précisé.
De son côté, la ministre des Finances, Sihem Nemsia, a confirmé que la révision de la grille de l'impôt sur le revenu profitera principalement aux retraités, quel que soit le montant de leur pension. Cette réforme, approuvée par les députés, coûtera à l'État 695 millions de dinars et prévoit des hausses même pour les pensions les plus élevées, jusqu'à 4.000 dinars par mois.