Ziguinchor — Les opérations d'aménagement urbain à Ziguinchor (sud) et leur lot de frustrés ont été de réels facteurs déclencheurs de la crise en Casamance dans les années 1970, a estimé vendredi à Ziguinchor l'enseignant-chercheur Paul Diédhiou.
« L'un des facteurs déclencheurs de la crise en Casamance, c'est l'aménagement urbain communément appelé lotissement », a rappelé Paul Diédhiou.
Il s'exprimait en marge d'un forum sur le thème « Aménagement urbain, conflits fonciers, religions de territoires et patrimoine culturel : cas de la commune de Ziguinchor et environs » à l'initiative de l'Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ).
L'UASZ a organisé ce forum par le biais de son Centre de recherche interdisciplinaire sur les langues, les littératures, l'histoire, les arts et les cultures (CREILHAC) en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer (FKA).
Des religieux, des acteurs culturels, des universitaires et des doctorants ont pris part à la rencontre.
« À partir des années 70, il y a eu le lotissement de la ville de Ziguinchor et ça a créé des conflits et des frustrés qui ont regagné le maquis. C'est la raison pour laquelle on a dit qu'il faudrait qu'on travaille sur cette thématique en guise de rappel aux populations de Ziguinchor et d'ailleurs », a ajouté le professeur Diédhiou.
« Dans l'aménagement, on ne prend pas en compte l'avis des populations. On ne prend pas en compte les réalités culturelles », a fait observer Paul Diédhiou, enseignant-chercheur au département de sociologie de l'université Assane Seck de Ziguinchor.
Il considère cette manière de faire comme une « source de problèmes ».
Selon lui, « en dehors de la marginalisation des religions de terroirs par les religions révélées, l'aménagement territorial entrepris dans les différentes localités de Ziguinchor et environs a occasionné la destruction de nombreux lieux de culte ».
Ce qui selon lui « compromet le dialogue interreligieux et la laïcité et crée parfois des conflits ».
Il a expliqué que ce forum va permettre de restituer et partager les résultats obtenus lors des enquêtes de terrain.
'Nous avons depuis cinq ans une collaboration avec le professeur Paul Diédhiou concernant la recherche. Les études sont extrêmement importantes pour comprendre certains phénomènes », a rappelé la représentante résidente de la FKA au Sénégal, Caroline Hauptmann.
« L'université doit s'ouvrir à son environnement. Nous voulons à travers ce forum initier nos doctorants à élaborer un projet, à aller sur le terrain faire des études et les présenter », a ajouté Paul Diédhiou.