Sénégal: Horticulture, les Niayes - La filière maraîchère peine

7 Décembre 2024

Entre coûts élevés, pratiques risquées et pression foncière, les maraîchers peinent à maintenir la qualité et la rentabilité de leurs exploitations.

La Zone des Niayes, connue pour son potentiel agricole exceptionnel, est plongée dans des difficultés majeures depuis le lancement de la campagne horticole, en novembre. À Sangalkam et dans d'autres zones, les maraîchers reprennent espoir malgré des défis persistants ; mais la filière peine à maintenir sa durabilité.

Après des mois d'incertitude économique, les producteurs ont redémarré le repiquage des plants, espérant surpasser les résultats de la campagne précédente. Cependant, plusieurs obstacles limitent leurs ambitions. La cherté des intrants, parmi lesquels les semences, les produits phytosanitaires et les engrais, pèse lourdement sur les coûts de production. A cela, il faut ajouter l'accès difficile à la formation pour les maraîchers qui aggrave la situation, laissant de nombreuses exploitations privées de pratiques agricoles modernes et efficaces. L'endettement de plusieurs producteurs est un obstacle.

Enclavement et manque d'infrastructures 

L'enclavement des zones agricoles, conjugué à l'état impraticable des pistes de production, complique la collecte des récoltes. Les maraîchers sont confrontés à des retards importants dans la commercialisation de leurs produits, affectant non seulement leur rentabilité, mais également la qualité des légumes proposés sur le marché.

Un usage problématique des produits phytosanitaires

L'utilisation des produits phytosanitaires dans la région soulève de graves préoccupations. Un formateur anonyme a révélé que le non-respect des délais de récolte met en danger la santé des consommateurs. En effet, ces produits, appliqués sans respecter les normes, contaminent les légumes, exposant les populations à des risques sanitaires importants. De plus, ces pratiques nuisent aux plantes elles-mêmes, ce qui explique la baisse des rendements et la diminution de la qualité des produits.

La réduction des superficies agricoles due à la pression foncière aggrave les défis auxquels les maraîchers font face. Parallèlement, des fléaux naturels, tels que l'invasion des cultures par les sautereaux, ont causé des pertes considérables, amplifiant les difficultés financières des exploitants. Beaucoup s'endettent lourdement pour assurer leur survie, sans accès suffisant aux financements. L'accès au financement constitue un casse-tête chinois. Selon les acteurs de la filière « les paysans du dimanche bénéficient des avantages contrairement aux petits producteurs. Ils ploient sous le poids de la dette.

Aucune institution bancaire ne veut prendre de risques pour leur accorder un financement. Aujourd'hui, certains exploitants maraichers louent des terres » a déploré un producteur des Niayes. Auparavant ces pratiques n'existaient pas. Les propriétaires des champs les mettaient à la disposition d'exploitants sans rien réclamer. «Pourtant, la filière était très rentable» témoigne un septuagénaire.

Pour sa part un paysan horticole estime « Malgré ces défis, les maraîchers de la région des Niayes restent déterminés. Néanmoins, des actions concrètes sont nécessaires, notamment pour sensibiliser aux bonnes pratiques agricoles et renforcer les infrastructures. Ces mesures pourraient atténuer les impacts négatifs sur la filière, améliorer la santé des consommateurs et pérenniser cette activité cruciale pour l'économie locale ».

« Les enjeux de la filière horticole dans les Niayes exigent des solutions rapides et concertées. Il est urgent d'équilibrer la rentabilité agricole et la sécurité alimentaire pour préserver l'avenir de ce secteur vital», a alerté un technicien agronome.

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